Le sommeil, le rêve et l'enfant
Challamel M.J., Thirion M.
TABLE DES MATIERES
Comment étudie-t-on le sommeil ?
Les cinq stades du sommeil d'une nuit normale
L'agenda de sommeil
Nous sommes des êtres cycliques
Pour commencer, quelques définitions
Les trois états de vigilance
Que se passe-t-il au cours d'une nuit de sommeil?
Les besoins de sommeil
Chronobiologie et rythmes circadiens
Les rythmes circadiens de vigilance
Comment interpréter cette courbe?
Les expériences "hors du temps"
Les horloges biologiques
Les altérations de rythme
Ce qu'il faut retenir
De la vie foetale à l'adolescence, le sommeil se construit et s'organise
Les états de vigilance du nouveau né
Le sommeil calme (stade I)
Le sommeil agité (stade II)
L'état de veille calme (stade III)
Les états de veille agitée (stades IV et V)
Le sommeil du foetus
Le sommeil du nouveau-né prématuré
Les états de vigilance pendant l'accouchement
Le sommeil du nouveau-né et du premier mois de vie
L'enfant de 1 à 6 mois
L'enfant entre 6 mois et 4 ans
L'enfant de 4 à 12 ans
Le sommeil de l'adolescent
FIGURES

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Les altérations de rythme

Ces études chronobiologiques permettent de comprendre toute une série d'anomalies de coordination des rythmes et les difficultés d'adaptation physique et intellectuelle de l'organisme qui peuvent en résulter.

Les altérations de phase d'origine externe

Ce sont les difficultés rencontrées par les personnes soumises à de nombreux changements d'horaires: vols transméridiens des personnels navigants, horaires de travail variables (les trois huit), et aussi, tout simplement, par toute la population lors du changement d'horaire saisonnier: horaire d'hiver et horaire d'été.

Au cours de ces changements, le cycle veille-sommeil se trouve brutalement déphasé par rapport à l'environnement habituel. Le sujet va rapidement adapter sa vigilance: en deux ou trois jours, il se réveillera et s'endormira en fonction du rythme de soleil du nouveau lieu. Par contre, la température corporelle, la sécrétion du cortisol, moins dépendantes de l'environnement, vont mettre beaucoup plus longtemps pour s'adapter aux nouvelles conditions de vie. Et donc, pendant plusieurs jours, voire plusieurs semaines, il y aura désynchronisation interne, responsable d'une impression de malaise, d'une fatigue, de difficultés d'endormissement.

Cette période d'adaptation sera plus longue pour les vols transatlantiques Ouest-Est, par exemple un vol de retour États-Unis-France, car ils mènent à une avance de l'horaire habituel de sommeil, ce qui est beaucoup plus difflcile que de retarder son heure d'endormissement. De même, il sera plus difficile de s'adapter à l'horaire d'été puisqu'il correspond à une avance du coucher de deux heures sur l'heure solaire.

La sensibilité des individus à ces modifications extérieures de rythme est très variable. Certains mettent quelques jours à s'adapter, d'autres plusieurs semaines. Cette adaptation est plus difficile après 35 ans, chez les sujets dépressifs ou ayant des problèmes psychologiques. Elle est aussi difficile chez le jeune enfant: nous y reviendrons.

Les altérations de phase d'origine interne

Figure 13 : Organisation circadienne des états de vigilance

On peut en décrire deux grands types: les altérations de phase par retard ou avance sur l'horaire, ou des périodicités circadiennes anormales.

  • Les avances de phase correspondent à des horaires anormalement précoces d'endormissement. Les cas modérés représentent les sujets dits "couche-tôt", sujets "du matin". Ces avances de phase se voient aussi fréquemment chez les sujets dépressifs, et les personnes âgées. Chez ces dernières, elles peuvent traduire un raccourcissement spontané du cycle de la température corporelle.
  • Les retards de phase simulent une "insomnie d'endormissement". C'est un peu le cas extrême des sujets dits "du soir" ou "couche-tard", qui restent en pleine forme très avant dans la soirée, mais qui ont beaucoup de difficultés pour se lever le matin. La courbe de température de ces sujets semble retardée par rapport à celle des gens vivant selon un horaire veille-sommeil classique. Il ne s'agit pas d'un trouble du sommeil, puisque le sommeil est de bonne qualité après l'endormissement, et que sa durée sera normale, d'environ huit heures si le sujet n'est pas obligé de se lever tôt le lendemain. Par contre, ce retard d'endormissement, l'incapacité quotidienne de se coucher avant deux ou trois heures du matin s'accompagnent souvent d'une privation chronique de sommeil, car les horaires de travail ou de la scolarité ne permettent pas au sujet de se lever chaque jour vers 13 heures.
  • Les périodicités circadiennes anormales sont beaucoup plus exceptionnelles. Elles correspondent à un cycle jour-nuit ou un cycle "repos-activité" de périodicité plus longue que 24 heures, par exemple, pour un individu, une périodicité de 27 heures. Ce sujet aura envie de dormir chaque soir trois heures plus tard que la veille, et aura souvent de grandes difflcultés à se lever le matin. Il s'ensuit un trouble du sommeil très particulier, avec difficultés d'endormissement et de réveil, somnolence au cours de la journée s'il ne peut suivre son rythme propre pour des raisons de travail ou de vie sociale. Il présentera alors un tableau complexe d'hypersomnie dans la journée, d'insomnies nocturnes, avec des périodes très troublées, entrecoupées de pha ses d'amélioration quand l'horaire spontané cadre à peu près avec l'horaire habituel.

Figure 14 : Ces différentes altérations internes peuvent être résumées dans ce tableau.

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