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L'agenda de sommeilPratiquement tous les troubles du sommeil peuvent être pris en charge par un médecin généraliste, un pédiatre ou un pédo-psychiatre, mais d'abord et avant tout par les parents. Il suffit souvent de deux ou trois entretiens pour dénouer des problèmes qui, au départ, paraissaient insolubles. Au cours du premier entretien, souvent long, le médecin prend le temps d'écouter l'histoire des parents et de l'enfant, cherche à comprendre avec les parents l'origine des troubles, les principales manifestations. Il explique les caractéristiques du sommeil normal et propose quelques moyens de remédier aux troubles racontés, sans prescrire, bien sûr, ni sédatifs ni hypnotiques. Si les troubles sont anciens et peu clairs, le médecin explique surtout comment remplir un agenda de sommeil, où les parents consigneront pendant au moins quinze jours les heures du coucher et du lever, celles des siestes, la durée du sommeil de nuit et de jour, la place des éveils nocturnes et les événements particuliers du sommeil: terreurs, somnanbulisme, cauchemars... et de l'éveil: agitation, mauvais caractère, somnolence... Le second entretien aura lieu quinze jours ou trois semaines plus tard. Médecins et parents ont, grâce à l'agenda de sommeil, une vision globale de ce qui se passe, de l'importance des troubles, de la fréquence des éveils nocturnes ou des cauchemars. Très souvent, avant même ce deuxi&egrsave;me entretien, les parents se sont rendu compte que malgré des éveils nocturnes répétés l'enfant dort suffisamment et sont, de ce fait, beaucoup moins angoissés. Tous les médecins qui utilisent un tel agenda connaissent son "rôle thérapeutique spontané" très important. Dans certains cas, comme dans l'agenda de Xavier, l'analyse des troubles permet de proposer une modification d'horaire: cet enfant est infernal à l'heure du coucher et ne s'endort pas avant une heure ou une heure et demie. Une sieste trop longue aggrave les problèmes de coucher. Une sieste courte paraît meilleure, mais le sommeil est trop profond, d'où l'apparition des terreurs nocturnes en première partie de nuit. S'il ne fait pas du tout de sieste, il est tellement fatigué et énervé qu'il présente une excitation anormale et des difficultés encore plus importantes au coucher. Devant tous ces signes, il est logique de proposer un horaire de coucher plus tardif, vers 21 h 30, qui semble le moment d'endormissement spontané. Figure 6 : Agenda de sommeil de Xavier Dans d'autres cas, la lecture de ces agendas permettra au médecin de reconnaître chez l'enfant insomniaque plus âgé certaines anomalies de l'organisation jour-nuit par avance ou retard de phase, insomnies qui pourront être traitées par chronothérapie. Nous en reparlerons au chapitre 2, et dans les descriptions du sommeil de l'adolescent p. 197. Les agendas permettent egalement de reconnaître et de suivre le traitement de certaines hypersomnies, ou de suivre le sevrage d'un hypnotique. Nous y reviendrons au chapitre 6. Enfin, l'agenda pourrait être un excellent outil d'étude du développement du sommeil normal au cours des années, et fournir des renseignements irremplaçables. Cet outil, très précieux pour les médecins puisqu'il permettrait des études longitudinales du même enfant, est aussi pour les parents un excellent moyen de mieux comprendre leur bébé et son évolution. Et puisqu'il s'agit d'un protocole ultra-simple, ne perturbant en rien la vie de l'enfant, la multiplication de ce genre d'études paraît plus généralisable, autorisant un jour des recherches statistiques valables, qui n'ont pas encore été possibles avec les méthodes "lourdes" d'enregistrement. Ainsi la maman d'Alexandre, bébé en parfaite santé, a rempli une semaine par mois un agenda (dont deux jours typiques ont été représentés sur le shéma) qui décrit à lui seul tous ses horaires jours-nuits de la première année. Figure 7 : Agenda d'Alexandre deux jours par mois au cours de sa première année |