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Les horloges biologiques
Pour expliquer ces faits d'expérimentation, il semble que l'on
ne puisse parler d'une horloge biologique unique des rythmes circadiens.
Il existe vraisemblablement non pas une, mais deux horloges principales
appelées par les chercheurs "oscillateurs".
- Un oscillateur fort, ainsi nommé car il est peu dépendant
de l'environnement et des donneurs de temps. De lui dépendrait
la modulation des rythmes de température, de la sécrétion
du cortisol, et aussi, vraisemblablement, du sommeil paradoxal. Comme
ces rythmes sont peu soumis aux modifications de l'environnement, on
dit qu'ils ont un caractère endogène prépondérant.
Ils seront donc très stables en l'absence de donneurs de temps,
ce que nous avons vu plus haut. Par contre, du fait de ce caractère
endogène prépondérant, ils opposeront une inertie
importante aux changements extérieurs. Ainsi, en cas de vol transméridien,
de nouveaux horaires de travail, de décalage horaire saisonnier,
l'organisme mettra souvent plusieurs semaines pour s'adapter. C'est
ce que l'on appelle désynchronisation externe, entre le rythme
biologique profond et les donneurs de temps extérieurs.
- Un oscillateur faible, beaucoup plus sensible aux signaux des
donneurs de temps et qui se dérègle plus vite en leur
absence. Il synchronise nos rythmes de veille sommeil et probablement
certaines de nos sécrétions très dépendantes
du sommeil, telles que les sécrétions de prolactine et
d'hormone de croissance. Cet oscillateur a une inertie faible et s'adapte
vite aux modifications brutales de l'environnement. En cas de vol transatlantique
par exemple, nous dormirons la nuit et nous éveillerons le jour
en très peu de temps. Pourtant, nos rythmes profonds de température
resteront, eux, bien plus long temps perturbés. C'est ce que
l'on appelle les altérations de phase d'origine externe. Nous
y reviendrons.
C'est aussi cet oscillateur faible qui se dérègle
le plus vite en l'absence de donneurs de temps, d'où les alternances
jour-nuit tout à fait anarchiques, de 12 à 60 heures
dans les expériences hors du temps.
Figure 12 : Horloges biologiques
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