Le sommeil, le rêve et l'enfant
Challamel M.J., Thirion M.
TABLE DES MATIERES
Comment étudie-t-on le sommeil ?
Les cinq stades du sommeil d'une nuit normale
L'agenda de sommeil
Nous sommes des êtres cycliques
Pour commencer, quelques définitions
Les trois états de vigilance
Que se passe-t-il au cours d'une nuit de sommeil?
Les besoins de sommeil
Chronobiologie et rythmes circadiens
Les rythmes circadiens de vigilance
Comment interpréter cette courbe?
Les expériences "hors du temps"
Les horloges biologiques
Les altérations de rythme
Ce qu'il faut retenir
De la vie foetale à l'adolescence, le sommeil se construit et s'organise
Les états de vigilance du nouveau né
Le sommeil calme (stade I)
Le sommeil agité (stade II)
L'état de veille calme (stade III)
Les états de veille agitée (stades IV et V)
Le sommeil du foetus
Le sommeil du nouveau-né prématuré
Les états de vigilance pendant l'accouchement
Le sommeil du nouveau-né et du premier mois de vie
L'enfant de 1 à 6 mois
L'enfant entre 6 mois et 4 ans
L'enfant de 4 à 12 ans
Le sommeil de l'adolescent
FIGURES

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Les cinq stades du sommeil d'une nuit normale

Figure 4 : différents aspects électroencéphalographiques

Chez l'enfant, les études polygraphiques du sommeil sont beaucoup plus récentes, beaucoup moins nombreuses. La lourdeur du protocole que nous venons de décrire explique à elle seule qu'en dehors des enfants hospitalisés ou malades, peu de jeunes enfants aient pu être enregistrés. Quels parents ont envie de confier leur bambin en pleine forme pour des nuits et des nuits d'enregistrement?...

Les premiers enregistrements électroencéphalographiques du sommeil de l'enfant datent de 1966, faits par Nicole Monod et Colette Dreyfus-Brisac à l'hôpital de Port-Royal à Paris, mais ne concernent que des nouveau nés prématurés ou des nouveau-nés à terme hospitalisés, donc dans les deux cas des enfants malades. L'étude du tracé électrique avait pour but de tenter d'évaluer le devenir neurologique après des souffrances néonatales plus ou moins sévères.

En 1972, Anders réalise les premiers enregistrements polygraphiques de sommeil (EEG,ECG, rythme respiratoire) de nouveau-nés à terme.

En 1975 commencent simultanément dans quatre laboratoires au monde les enregistrements polygraphiques du nourrisson dans l'étude des causes de la mort subite inexpliquée. Quatre laboratoires, c'est-à-dire à Lyon et Rouen en France et, aux Etats-Unis, à Standford et Los Angeles. La mort subite inexpliquée du nourrisson, les dramatiques problèmes qu'elle pose restent la raison numéro un d'enregistrements polygraphiques de sommeil du tout petit enfant au cours de la première année.

Il faut attendre 1980 pour qu'apparaisse l'idée de regarder dormir des enfants en bonne santé et de les filmer pendant leur sommeil. Les deux premières études concernent l'une le nouveau-né (Anders), l'autre l'adolescent (Carkadson à Standford). Le comportement de sommeil d'enfants de 7 à 12 ans a ensuite été étudié pa Cobble aux Etats-Unis, enregistrant pendant trois nuits consécutives le sommeil de deux copains en bonne santé qui venaient dormir ensemble dans son laboratoire une nuit complète. Pour l'instant, personne n'a encore regardé dormir suffisamment d'enfants de 1 à 6 ans Nous ne pouvons même pas dire quelles sont les caractéristiques cliniques de leur sommeil, alors que les EEG montrent, eux, des particularités et que les parents saven bien que c'est une période riche en problèmes: peurs du soir, illusions hypnagogiques, terreurs nocturnes... Nous en parlerons longuement.

Après 6 ans, et surtout après 10 ans, les études sont plus nombreuses car il est plus facile d'"enrôler" des enfant plus grands pour participer à de telles nuits d'enregistrements. En pratique, l'enfant vient pour 12 à 24 heures.

S'il ne vient que pour la nuit, il arrive vers 17 heures de façon à s'habituer à sa nouvelle chambre, dans laquelle il installe ses jouets préférés, parfois son édredon ou son oreiller personnel. Une fois habitué et moins anxieux, et en présence de ses parents s'il est encore petit ou s'il le désire, il est préparé pour être enregistré, préparation plus ou moins longue suivant l'âge de l'enfant et le nombre de paramètres que l'on veut enregistrer.

Compte tenu de la lourdeur de telles études, seules trois équipes ont commencé à étudier le sommeil de l'enfant normal de façon longitudinale, c'est-à-dire à enregistrer le même enfant mois après mois pendant la première année, puis tous les ans au fur et à mesure qu'il grandit. Moins de 50 enfants ont été ainsi étudiés, et sur bien peu d'années. Du coup, nous sommes loin de pouvoir dire la moindre chose statistiquement valable.

Enfin, il n'existe à l'heure actuelle qu'un seul laboratoire au monde spécialisé dans l'étude du sommeil de l'enfant et de ses troubles, celui de Richard Ferber, à Boston, ouvert aux environs de 1980. Il est à l'heure actuelle la première autorité mondiale en ce domaine, et ce livre, évidemment, fera sans cesse référence à ses travaux. En Europe, quelques centres s'organisent.

Ce qu'il faut bien comprendre, c'est que toutes ces études n'ont d'intérêt que dans le cadre de la recherche fondamentale pour mieux comprendre l'organisation du sommeil normal et son évolution au cours des premiers mois ou années. Le diagnostic de certaines pathologies apnées du sommeil, certaines épilepsies nocturnes, et les très rares hypersomnies - peut également en bénéficier. Par contre, ces enregistrements sont inutiles dans la plupart des troubles du sommeil de l'enfant. Ils ne nous apprendront pratiquement rien sur un enfant qui présente des difficultés du coucher, des cauchemars ou un somnanbulisme. Pour tous ces troubles, la prise en charge sera d'un tout autre niveau.

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