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Comment interpréter cette courbe ?
- Le matin au réveil, nous sommes en pleine forme, actifs, efficaces,
prêts à apprendre, à mémoriser, à
effectuer un travail physique important.
- En milieu de journée survient une phase moins efficace, marquée
sans doute pour beaucoup d'entre nous par le "coup de pompe de 11 heures".
Malgré la célèbre publicité de Banania,
il ne s'agit pas d'une fatigue hypoglycémique, mais bien d'un
moment de fatigue biologique fondamental, avec refroidissement corporel,
identique pour tous. C'est, d'ailleurs, souvent le moment de la sieste
et beaucoup de jeunes enfants s'endorment avant leur repas de midi.
- Vers 17 heures, nous commençons une nouvelle phase de grandes
performances physiques et intellectuelles. Les enfants sont excités.
Nous avons chaud, nous pouvons faire du sport, étudier très
efficacement, apprendre très vite... Le champion mondial de saut
à la perche améliorant, le 11 juillet 1988, pour la neuvième
fois, son propre record en sautant 6 m 06 à 2 heures (heure locale,
soit 18 heures heure du soleil) a déclaré aux journalistes
de la télévision: "C'était des conditions météo
idéales, et, surtout, la meilleure heure pour sauter".
Quel dommage que, dans notre société actuelle, nos
enfants ne profitent pas de cet excellent moment, trop souvent consacré
mollement aux devoirs scolaires, ou encore plus mollement aux feuilletons
télévisés. Quant à nous, adultes, ce devrait
être le moment de faire du sport, des études, des recherches,
au lieu de perdre des heures en voiture dans les embouteillages de
retour, ou à préparer le repas du soir.
- Vers 23 heures, nouvelle période de faible vigilance : nous
commençons par sentir le froid, nous nous étirons, nous
bâillons, écoutons avec moins de lucidité les conversations
environnantes, et sommes proches de l'endormissement. Si nous nous endormons,
nous dormons en sommeil lent profond (nous l'avons vu p. 45). Si nous
continuons à veiller, nous serons "ivres de sommeil", instables
sur nos jambes, peu réactifs, nous aurons froid, envie de fermer
les yeux. Notre tension artérielle sera basse, notre force physique
très diminuée.
- Pourtant, même si nous n'avons pas dormi, tout ira mieux après
5 heures du matin, et si nous tardons encore à nous coucher,
nous ne pourrons plus nous endormir. Pour ceux qui ont dormi une nuit
normale, vers 4-5 heures le sommeil devient plus léger, plus
fragile, plus riche en sommeil lent léger et en sommeil paradoxal.
Les éveils sont plus fréquents et parfois perceptibles.
Environ deux heures avant le réveil spontané, la température
remonte, les modifications métaboliques liées à
la sécrétion de cortisol sont stimulées, et nous
nous réveillons en pleine forme.
On dit d'un individu qu'il est en phase, lorsqu'il vit et travaille
aux moments de meilleure performance, et se repose ou dort dans les moments
de faible performance. Cette notion est du plus haut intérêt
pour comprendre certaines pathologies du sommeil.
Il existe, par rapport à cette courbe moyenne, des variations
possibles d'une ou deux heures, fixes pour un même individu tout
au long de sa vie. Nous pouvons donc définir des humains "couche-tôt"
et d'autres "couche-tard", selon la position de leur propre périodicité
horaire.
Cette courbe, ce rythme fondamental sont retrouvés chez tous
les sujets dans les conditions normales: travail de jour, vie à
la lumière extérieure, vie sociale régulière.
Mais tout n'est pas si simple. Les expériences de "vie hors du
temps", en dehors de tout repère temporel (pas de montre, pas d'alternance
de jour et de nuit, pas d'horaires de repas réguliers), nous permettent
d'aborder les mécanismes très compliqués qui règlent
nos différents rythmes: rythmes biologiques et rythmes de sommeil.
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