SOMMEILS ET INSOMNIES
Jean-Louis Valatx
Pour la Science Janvier 1998
TABLE DES MATIERES

Sommaire

Qu'est-ce que le sommeil?
Les circuits de l'éveil
Schémas des circuits de l'éveil
Schéma 1
Schéma 2
Schéma 3
Schéma 4
Schéma 5
Schéma 6
Les hormones et les peptides de l'éveil
L'endormissement
Le sommeil lent
Le sommeil paradoxal
Schéma du sommeil paradoxal
Les troubles du sommeil
Schéma de l'insomnie
Les hypersomnies
Appendices
Sommeil calme et sommeil paradoxal
1. Phase d'éveil
2. Phase de sommeil calme
3. Phase de sommeil paradoxal
4. Fin du sommeil paradoxal
A quoi rêvent les chats ?

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Le sommeil lent

De la même façon que les neurobiologistes ont décrypté les médiateurs de l'éveil, ils ont décodé ceux du sommeil. Le sommeil lent est défini négativement par les Anglo-saxons comme le sommeil qui n'est pas du sommeil paradoxal. Les neurophysiologistes ne disposent pas, comme pour le sommeil paradoxal, d'un ensemble de critères mesurables. L'immobilité n'étant pas un critère suffisant, c'est l'étude de l'activité électrique du cerveau qui a fourni les caractéristiques du sommeil lent : la présence de fuseaux et d'ondes lentes (voir apppendice). Mircea Steriade et ses collègues de l'Universite Laval, à Montréal, ont montré que cette activité électrique prend naissance dans le noyau réticulaire thalamique. Les neurones GABAergiques de ce noyau émettent des potentiels d'action périodiques qui entraînent une hyperpolarisation cyclique des neurones thalamiques se projetant sur le cortex. Ces hyperpolarisations sont à l'origine du blocage des messages sensoriels au début de l'endormissement (un neurone hyperpolarisé n'émet plus de messages). Le noyau réticulaire du thalamus est sous le contrôle inhibiteur des réseaux de l'éveil (l'acétylcholine, l'histamine, la noradrénaline).

Puis s'installe le sommeil profond. Les ondes lentes qui le caractérisent résultent de l'hyperpolarisation des cellules pyramidales du néocortex déclenchée par des interneurones GABAergiques locaux, vraisemblablement sous l'influence des neurones préoptiques. Le néocortex (une région du cortex apparue chez les mammifères) est nécessaire à l'apparition des ondes lentes: son ablation les supprime, mais l'animal sans neocortex a toujours un comportement de sommeil (difficile à quantifier en l'absence d'ondes lentes). Chez les vertébrés inférieurs (les reptiles, les amphibiens, les poissons), on n'enregistre pas d'ondes lentes de grande amplitude, car le néocortex n'est pas développé. Chez ces animaux, l'observation du sommeil lent est difficile.

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Références

J.L. VALATX
Régulation du cycle veille-sommeil, in Le sommeil humain, sous la direction de O. Benoit et J. Forêt, Masson éditeur, pp. 25-37,1995.

J.-S. LIN et M. JOUVET
Potential Brain Neuronal Targets for Amphetamine-, Methylphenidate-, and Modafinil-Induced Wakefulness, Evidenced by c-fos Immunochemistry in the Cat, in Proc. Nat. Acad. Sci. USA, vol. 93, pp. 14128-14133,1996.