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L'endormissementLe réseau d'éveil, une fois activé, est entretenu par les stimulations internes et externes. Comment l'envie de dormir est-elle à nouveau déclenchée ? L'arrêt des stimulations ne semble pas suffisant. La sérotonine, qui joue un rôle notable dans l'éveil, participe aussi au sommeil. Nous avons vu que l'inhibition de la sérotonine entraîne une insomnie qui est levée par l'injection de son précurseur uniquement dans l'aire préoptique de l'hypothalamus. La lésion de cette région déclenche une insomnie de très longue durée (plus de trois semaines): ces deux résultats confirment le rôle hypnogène de la sérotonine. Toutefois, l'insomnie due à une lésion de l'aire préoptique est interrompue par l'injection d'un analogue du GABA (le muscimol) dans l'hypothalamus postérieur, ou convergent plusieurs éléments du système d'éveil. Puisque l'insomnie cesse, nous pensons que l'aire préoptique n'est pas un "centre" du sommeil, mais plutôt une région qui contrôle l'éveil. Ainsi, une des composantes de l'éveil, la sérotonine, stimule, par certaines de ses terminaisons, l'aire préoptique qui, en retour, vraisemblablement par des neurones GABAergiques, inhibe l'ensemble du réseau de l'éveil : c'est un système ami-éveil qui facilite l'endormissement. Le noyau du faisceau solitaire, dans le bulbe rachidien, intervient aussi dans l'endormissement par ses projections sur l'aire préoptique. Ainsi, dans les années 1970, Paul Dell et Jean Jacques Puizillout, à l'Universite de Marseille, ont montré que la stimulation de nerfs pneumogastriques endort un animal insomniaque. De plus, les pratiquants de sports de combat et les masseurs de Bali connaissent bien les effets sur la vigilance des atemis (des coups portes à la hauteur du cou) et des massages de la région carotidienne. Le terme carotide lui-même vient du mot grec signifiant "qui provoque un sommeil profond". Ainsi, le système ami-éveil est situé dans l'aire préoptique, à un carrefour stratégique qui contrôle des fonctions vitales: la thermorégulation, la faim, la reproduction notamment. Il analyserait l'état fonctionnel de l'organisme et déclencherait le sommeil avant que la fatigue ne soit trop intense, à un moment du nycthémère (24 heures) indiqué par l'horloge biologique. |
Références |
J.L. VALATX J.-S. LIN et M. JOUVET |