Le sommeil des lycéens
J.L. Valatx, E. Patois et A. Alpérovitch
TABLE DES MATIERES
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Résultats

Le tableau 1 donne la répartition des garçons et des filles par âge, lieu d'habitation, type et statut de l'établissement, taille de la famille, catégorie socio-professionnelle des parents définie par la profession du père ou de la mère lorsque le père n'est pas présent au foyer. A l'exception du type d'établissement, où les filles étaient plus nombreuses que les garçons dans les lycées classiques (66% contre 59%), ces répartitions sont pratiquement identiques dans les deux sexes.

    Garçons (n=11923) Filles (n=13780)
Département Ain 11% 13%
Loire 28% 27%
Rhône 61% 60%
Statut du lycée public 70% 30%
privé 67% 33%
Type d'enseignement Agricole 7% 4%
Professionnel 34% 30%
Classique 30% 66%
Age (Années) 15 7% 6%
16 21% 20%
17 32% 33%
18 25% 26%
19 11% 11%
20 4% 4%
Catégories socio-professionnelles Agriculteur 4% 4%
Ouvrier 18% 21%
Employé 17% 17%
Commercant-artisan 10% 10%
Enseignant 5% 4%
Cadre moyen 16% 15%
Cadre supérieur 15% 13%
Profession libérale 6% 5%
Autres 9% 11%
Taille de la fratrie 1 enfant 11% 10%
2 38% 36%
3 27% 27%
4 11% 12%
5 5% 6%
6 et + 8% 9%
Commune d'habitation < 2 000 habitants 19% 20%
2 - 5 000 16% 18%
5 - 10 000 14% 15%
10 - 50 000 20% 20%
> 100 000 24% 20%

Tableau 1 : Principales caractéristiques de !'échantillon.

Après avoir examiné les relations entre ces différentes variables et les caractéristiques du sommeil, nous n'avons retenu pour la suite de l'analyse que l'âge et le sexe, seuls nettement liés à ces caractéristiques.

Les habitudes de sommeil des lycéens

Habitant en maison individuelle (54,5%), dans un immeuble de moins de 4 étages (14,7%) ou de plus de 4 étages (27%), dans un quartier plutôt bruyant (12%), 70% des jeunes ont une chambre personnelle. L'orientation du lit se répartit d'une façon sensible ment égale dans les 4 directions bien que, environ 20% ne sachent pas s'orienter. Aucune corrélation statistique n'a été observée entre l'orientation du lit et l'impression de bien ou mal dormir.

Avant de se coucher les lycéens regardent habituellement la télévision: tous les jours (garçons 39%, filles 28 %), que le week-end (garçons 18%, filles 22%). Seulement 6% des garçons et 9% des filles disent ne jamais la regarder et ne la regardent.

L'heure de coucher (en moyenne à 22h30) correspond, en période scolaire, à la fin de la première émission du soir (fig.1). En vacances, l'heure du coucher est décalée d'environ 2 heures, avec 10% des jeunes se couchant après 2h du matin.

En se couchant, les jeunes prennent une position habituelle pour s'endormir: sur le coté droit (20%), sur le côté gauche (13%), sur le dos (garçons, 12%, filles,7%) et à plat ventre (garçons 24%, filles 33%). Pour 33% des garçons et 24% des filles, la position varie d'un jour à l'autre.

La durée du sommeil

Les durées moyennes de sommeil sont semblables dans les deux sexes, les filles dormant cependant un peu plus que les garçons pendant les week-end et les vacances (fig. 2, A et B). La durée du sommeil diminue avec l'âge. En période scolaire, elle baisse d'une demi-heure entre 15 ans (durée: 8h1O) et 20 ans (durée: 7h40). La différence moyenne entre les durées du sommeil en semaine et le dimanche est d'environ de 2 heures. En vacances, soixante quatorze pour cent des lycéens dorment plus longtemps qu'en période scolaire. Cette durée supplémentaire est de 1h à 2h pour 49% d'entre eux, de 3h à 4h pour 21 % et supérieure ou égale à 5h pour 2,8% (fig.3).

En se basant sur la durée du sommeil en vacances, considérée comme celle correspondant aux besoins physiologiques, la durée du sommeil en semaine représente un manque de sommeil chronique pour la majorité des lycéens. La durée du sommeil encore plus élevée le dimanche peut être interprétée comme une récupération du manque de sommeil accumulé en semaine.

Variations de la vigilance diurne

En se levant, 25% se sentent bien réveillés tandis que pour 11,7% des garçons et 9,1% des filles, il leur faut une heure et plus pour avoir l'esprit clair. Quant au petit déjeuner, 10% des garçons et 17% des filles ne boivent rien ou de l'eau. 19% de garçons et 26% des filles ne mangent rien, car la majorité d'entre eux n'ont pas faim, peut-être parce qu'insuffisamment réveillés. Pour ceux qui mangent, c'est plutôt des aliments sucrés (60,6% des garçons, 52,7%de filles), rares sont ceux qui prennent des protéines (oeufs, jambon, fromage) (garçons 1,8%, filles 1,9%)

Au réveil, 50% des lycéens "bons dormeurs" se disent fatigués. Ce résultat permet de séparer l'impression d'avoir bien dormi de celle d'avoir suffisamment dormi.

Le moment de la journée où l'attention est maximale ou minimale en classe pour la matière préférée est illustré dans le tableau 2. On remarquera que l'attention est maximale le matin entre 8h et 1Oh pour 43% des garçons et 46% des filles. Cela illustre la diversité des rythmes de vigilance et la difficulté d'organisation de l'emploi du temps si l'on veut optimiser l'apprentissage des matières requérant une attention soutenue.

  Garçons Filles
Heure d'attention maximale  
8 à 10 h 43% 46%
10 à 12h 34% 32%
14 à 16 h 20% 20%
16 à 18 h 3% 2%
Heure d'attention minimale  
8 à 10 h 20% 17%
10 à 12h 10% 11%
14 à 16 h 16% 15%
16 à 18 h 54% 57%

Tableau 2 : Rythme de la vigilance

A l'inverse, la somnolence et même l'endormissement en classe sont avoués par 20% des lycéens bons dormeurs et 40% des mauvais dormeurs (fig.4). Le manque de sommeil des bons dormeurs ainsi que la prise de somniferes des mauvais dormeurs peuvent expliquer ces pourcentages élevés.

Les troubles du sommeil

Une proportion importante de lycéens se plaint de "troubles du sommeil". Au total, 30% signalent au moins un trouble chronique, mais 13% des garçons et 17% des filles considèrent qu'ils dorment mal en période scolaire. La proportion de ceux qui disent mal dormir augmente entre 15 et 20 ans d'environ 1% par année d'âge, chez les filles comme chez les garçons. Le trouble le plus fréquent est une difficulté d'endormissement, quotidien ne pour 7,8% des garçons et 12,6% des filles. Le temps mis à s'endormir est jugé supérieur à 30 minutes pour près de 18% d'entre eux. Si l'on sépare les bons et mauvais dormeurs, les pourcentages sont différents: 30% des garçons et 45% des filles "mauvais dormeurs" ont des difficultés d'endormissement. La figure 5 illustre les troubles du sommeil signalés par les lycéens : réveils nocturnes fréquents, cauchemars, etc. L'impression de mal dormir est associée au coucher tardif en période scolaire, alors qu'en vacances la proportion de mauvais dormeurs diminue de moitié.

Les médicaments "qui aident à dormir" sont utilisés par 2% des garçons et 6% des filles; 1,1% des garçons et 3,3% des filles en prennent au moins une fois par semaine. Cette consommation est surtout réalisée par les mauvais dormeurs (fig.5) et très liée aux habitudes familiales. Dans les familles où parents et/ou frères et soeurs consomment des somnifères (21% des familles), 5,1% des garçons et 8% des filles en prennent aussi. Ce qui explique que les somnifères ne sont prescrits par un médecin que pour seulement 14% des garçons et 41,3% des filles qui en prennent régulièrement.

Les perturbations du sommeil au moment du changement de l'heure d'hiver en heure d'été sont illustrées sur la figure 6. Une large majorité des lycéens ne se dit pas perturbée par le changement horaire, comme dans les diverses enquêtes réalisées dans la population générale. La perturbation persiste plus d'une semaine chez 3% des lycéens. Cela indique une difficulté réelle d'adaptation à un décalage horaire peu important. Ce changement hiver-été pourrait servir de test d'adaptation aux changements de rythme dont les résultats devraient être pris en compte pour l'orientation professionnelle. En effet, il est probable que ces jeunes, s'ils choisissent un métier comportant des changements fréquents de rythme (travail de nuit, posté, chauffeur-routier, personnel navigant, etc), auront de sérieuses difficultés d'adaptation. Ces difficultés peuvent déclencher un syndrome narcoleptique, source d'accidents du travail ou de la route.

Relation ronflement et tabac. A la question "fumez-vous ?", 34,9% des garçons et 31,1% des filles ont répondu positivement. Parmi ceux-ci, 46,8% des garçons et 37,8% des filles disent fumer plus de 10 cigarettes par jour. La consommation de tabac augmente avec l'âge: à 15 ans, 21,1% des garçons et 18,8% des filles et à 20 ans, 48,6% des filles et 46,9% des garçons.

A la question "ronflez-vous ?", les filles répondent oui pour 28,4% et les garçons pour 39,9%. Il n'y a pas de relation avec l'âge. Il y a plus de ronfleurs chez les petits (< 7h) et les grands dormeurs (> 1Oh). Les ronfleurs rapportent une plus grande difficulté à s'endormir et des réveils nocturnes plus fréquents, ainsi qu'une somnolence diurne. Le ronflement habituel est associé à un plus long passé de fumeur (3,2 ans versus 2,7 ans pour les non ronfleurs). La relation ronflement/tabac semble claire. La proportion de ronfleurs habituels est deux fois plus élevée chez les fumeurs. Il existe une sorte de courbe dose-effet, le ronflement habituel augmente avec la consommation de tabac aussi bien chez les garçons que chez les filles.

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