La syntaxe de l'inconscient
Patrick Lacoste , Science et Avenir Hors-Série Le Rêve Dec. 96
Sommaire
La syntaxe de l'inconscient
Freud métapsychologue
L'inconscient et le cerveau
Le déplacement
La condensation
Les " topiques " freudiennes
La mise en images
L'élaboration secondaire

IMPRESSION
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Science et Avenir
Hors-Série Le Rêve
Sommaire général

La mise en images

L'image est la loi d'expression du rêve, toutes les significations subissent une sélection qui " prend en considération leur figurabilité ". Pour instaurer une primauté du " visuel ", le rêve donne prise à des interprétations d'images qui ne sont pas seulement visuelles. Une parole ou un mot, dans le rêve, n'auront pas leur sens verbal mais d'abord une signification d'image par rapport aux autres images. La condition de mise en images est évidemment opérante dans les autres mécanismes: les pensées du rêve éliront des représentants imagés, ceux qui permettent la meilleure figuration visuelle de leurs contenus, même les plus abstraits; le déplacement s'orientera vers les images substitutives les plus " adéquates ". Il y a donc aussi un " déplacement de l'expression " qui invite à rechercher un " pont " entre l'abstraction des pensées et la concrétude visuelle. Le " président rêvé " peut être simplement figuré par son " fauteuil " (comme le roi par son trône), il faut alors que l'image dudit " fauteuil " soit elle-même " présidentielle " (un " strapontin " ne ferait pas l'affaire). Le plus souvent, c'est dans l'usage langagier, dans les formules déjà fortement imagées par les habitudes d'expression, que le rêve puise une formulation suffisamment métaphorisée par elle-même afin " d'élire " l'image: l'expression " haut placé " est propice à toute figure " en hauteur ". Une simple écharpe nouée autour du cou peut témoigner du fait que quelque chose est resté " en travers de la gorge ". Le rêve peut être ainsi compris comme un mode d'expression, sinon régressif, du moins qui fait retour vers la pensée avant langage. Freud. insiste sur une complicité " visuelle " entre le rêve et le souvenir d'enfance, où les scènes visuelles prédominent. La condensation et l'élaboration secondaire participent à une dramatisation qui est à la fois scénarisation et intensification de l'image.

P. L.

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