Le
souvenir du rêve le plus confus porte en lui un minimum d'intelligibilité,
au moins la cohérence nécessaire au fait qu'il y a
souvenir. Freud suppose qu'une certaine " prise en considération
du compréhensible " intervient dans un mouvement second
du travail du rêve. L'élaboration secondaire est un
remaniement des éléments, " réécriture
" ou " scénarisation ", qui permet le souvenir
du rêve et son récit. C'est un effet d'induction et
de sélection qui oeuvre " en même temps "
que les autres mécanismes, ce n'est pas un " second
temps " mais un mouvement qui secondarise le processus primaire
par le fait même qu'il y a travail du rêve. Le remaniement
donne prise au récit, mais ce n'est pas le récit (ni
le souvenir) qui apporte son exigence de cohérence; c'est
une cohérence interne du rêve. L'élaboration
secondaire signe une présence de la censure dans le moment
du rêve, intervenant d'emblée sur le déplacement,
la condensation et la mise en images. C'est parce que le "
président de la République " est considéré
comme un personnage " haut placé " que son image
déplace, condense et figure le rapport du rêveur à
une autorité, rapport qui peut s'incarner dans la taille
ou dans la valeur morale... La distribution des rôles induit
d'entrée de jeu les types de relation et sélectionne
quelques scénarios possibles. Cette notion est cependant
à proximité de la rationalisation, mais au sens freudien,
c'est-à-dire selon la tendance à retrouver une logique
subjective, une possibilité d'autoexplication; dans une quête
de pensées identiques, qui ressemble à la recherche
d'identité de perceptions. Le symptôme, ou d'autres
défenses, s'inscrivent dans ce mode d'élaboration
qui revient à plus ou moins " systématiser ",
à établir des relations de cohérence interne.
C'est une logique singulière, plutôt que la logique
commune, qui est en question dans cette notion.
P. L.
|