La bibliothèque du rêve
Françoise Parot Science et Avenir Hors-Série Le Rêve Dec. 96
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Science et Avenir
Hors-Série Le Rêve
Sommaire général

Sigmund Freud
L'interprétation des rêves

Alors que dans le romantisme, le rêve est une expérience psychique privilégiée, il est pour Freud un moyen d'investigation psychologique. Tel est l'apport fondamental inauguré par ce livre achevé et paru en novembre 1899 (bien que l'éditeur est daté la parution de 1900), traduit pour la première fois en français par Ignace Meyerson en 1926).

Sur la base de son expérience clinique avec les névrosés, Freud analyse ses propres rêves et va fonder sur cette étude sa conception de l'inconscient. Pour Freud, l'inconscient est constitué des contenus de la sexualité infantile refoulés sous la pression de la censure sociale; ces contenus refoulés, investis d'énergie pulsionnelle, tentent d'émerger mais, en raison des exigences de la conscience, ils ne peuvent le faire que sous forme déguisée, après avoir " formé des compromis ".

Le rêve résulte de l'un de ces compromis, quotidien et normal le seul que l'homme sain puisse former. Il est une voie royale d'accès à l'inconscient puisqu'en démontant les déformations que le psychisme imprime sur les contenus inconscients, le psychanalyste peut espérer approcher ces contenus et connaître l'inconscient. Ces déformations constituent le " travail de rêve ", qui permet de passer du contenu latent au contenu manifeste, grâce à des mécanismes tels le déplacement et la condensation. L'étude minutieuse de ces procédures de travail du rêve constitue la partie la plus conséquente de L'Interprétation des rêves, dans laquelle Freud élabore une véritable logique de l'imaginaire, qu'il étend d'ailleurs à d'autres formes symboliques que le rêve.

Après un exposé très complet et précieux de l'ensemble de la littérature sur le rêve, le père de la psychanalyse en vient à la description des matériaux de ces déguisements : les souvenirs récents (restes diurnes) ; le matériel somatique, parmi lesquels le désir de dormir; les souvenirs du passé d'enfant et un ensemble de symboles plus ou moins universels (qui représentent surtout des contenus sexuels) sur lequel la vulgate freudienne, contrairement à Freud, a mis l'accent.

Le rêve est donc ici un message envoyé au dormeur par une force intérieure à celui-ci. Comme chez les romantiques, le rêve est l'occasion de renouer avec la totalité de l'être, mais cet être est uniquement l'auteur de lui-même et tout se joue au-dedans de lui.

Cet ouvrage est un véritable monument dans l'histoire des conceptions du rêve, très agréable à lire parce qu'il comporte de nombreux récits de songes à côté de considérations assez ardues. Mais mieux vaut lire l'oeuvre elle-même que ses commentateurs qui, bien souvent, n'y ont trouvé que ce qu'ils y ont mis.

Ce livre peut donner envie de lire : tous les autres livres de Freud, et de très nombreux ouvrages comme celui par exemple de Géza Roheim, anthropologue freudien, Les Portes du rêve, Payot, Lausanne, 1973.

Sigmund Freud
Sur le rêve
Folio/essais, Gallimard, Paris, 1988.

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