C'est le livre d'un philosophe, historien des sciences, passionné
par le travail de laboratoire de neurobiologie de Michel Jouvet. Claude
Debru a passé plusieurs mois auprès du chercheur lyonnais
et, grâce à son regard de philosophe -souvent émerveillé
-, il a initié une réflexion nouvelle sur le cerveau,
la pensée et, singulièrement, le rêve.
Ce livre est donc une somme, qui représente ce que le philosophe
a dû apprendre pour s'intégrer à l'équipe
de Jouvet. On y trouve la description minutieuse de l'ensemble des
travaux qui ont précédé ceux de Jouvet, puis
l'apport du maître, ses hésitations, ses errements
peut-être et ses découvertes.
Les études menées sur les chats ont été,
on le sait, décisives pour Jouvet et lui ont permis d'élaborer
sa théorie tout autant que de caractériser magistralement
l'état paradoxal. Une longue partie leur est consacrée,
très détaillée. De même, un long développement
très documenté explique la neurochimie de la phase
paradoxale. Debru nous présente enfin l'état des connaissances
en matière d'ontogenèse du sommeil paradoxal, point
tout aussi décisif pour la thèse de Jouvet qui fait
du rêve un substitut de la neurogenèse.
Au total, un livre extrêmement précieux car
Claude Debru ne laisse rien dans l'ombre. Un livre aride peut-être
mais indispensable: il présente l'ensemble des connaissance
en neurobiologie mieux que ne le fait un spécialiste, avec
un bien plus grand souci de clarté.
Ce livre peut donner envie de lire : les articles de Michel
Jouvet et des livres de Georges Canguilhem sur la démarche
scientifique, comme Idéologie et rationalité dans
l'histoire des sciences de la vie, Vrin, Paris, 1977, ou
Etudes d'histoire et de philosophie des sciences, Vrin Paris,
1968.
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