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Freud, fonctionnaliste avant la lettreCertains défenseurs d'une conception herméneutique de la psychanalyse ont reproché à Freud son scientisme réductionniste. A l'inverse, Karl Popper, dénonçant le côté infalsifiable de la psychologie freudienne, a vu dans celle-ci une forme de mythologie et non une théorie scientifique. Quel est donc le statut de la psychologie freudienne ? Dans The foundations of psychoanalysis (traduction française au PUF), Adolf Grünbaun montre que, si Freud a bien flirté avec le réductionnisme dans son Projet de psychologie scientifique, où il expose en 1895 sa conception de la base neurophysiologique des processus psychiques, il a, dès l'année suivante, renoncé à sa conception réductionniste de la scientificité en faveur d'une conception méthodologique et épistémique. S'il continue à revendiquer pour la psychanalyse le statut de science de la nature, c'est avant tout parce qu'il considère que ses observations cliniques constituent des éléments de preuve en faveur de sa théorie du refoulement. Contrairement à ce que soutient Popper, la théorie psychanalytique, fondée sur une démarche inductive, n'est pas en principe infalsifiable. Des données cliniques contraires aux hypothèses freudiennes constitueraient des falsifications de la théorie. Freud lui-même, dans sa Révision de la théorie des rêves parue en 1933, prendra acte de la falsification de ses hypothèses initiales. Dans la mesure où les explications qu'il propose font intervenir des lois causales psychiques. Sans ignorer la valeur heuristique des modèles neurobiologiques, il ne cherche pas à réduire ces explications à des explications causales neurophysiologiques. C'est pourquoi Freud ne peut être considéré comme un fonctionnaliste avant la lettre. On peut néanmoins s'interroger sur la validation scientifique des hypothèses psychanalytiques au regard des normes inductives que Freud lui-même acceptait. A cet égard, comme le montre Grünbaum, les raisonnements de Freud sont parfois fort critiquables. E. P. Freud, neurobiologiste Dans son Esquisse d'une psychologie scientifique, Freud dépeint un circuit neuronal qui peut transmettre l'énergie d'un stimulus imposé selon deux voies différentes : la voie alpha-gamma qui conduit à une décharge de l'énergie imposée sous la forme d'un mouvement et le " raccourci " (de a à b) qui met l'énergie en réserve pour une décharge ultérieure, par exemple, lors d'un rêve. |