Animales rêveries
Mehdi Tafti , Science et Avenir Hors-Série Le Rêve Dec. 96
Sommaire de l'article
Animales rêveries
L'émergence du sommeil paradoxal
A quoi rêvent les bêtes ?
Arbre phylogénétique
Le sommeil primitif de l'échidné
Le cerveau dédoublé du dauphin
L'expérimentation onirologique
La rythmicité du sommeil paradoxal
Gros et petits "rêveurs"

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Science et Avenir
Hors-Série Le Rêve
Sommaire général
A quoi rêvent les bêtes ?

Toute personne ayant un chat ou chien vous dira qu'ils rêvent, car ces animaux présentent des comportements typiques de leur espèce, tout en étant endormis. Chez l'homme, le rêve s'élabore par la conjonction du sommeil paradoxal, de la mémoire et du langage.

Nous savons que si l'on réveille un donneur pendant une phase de sommeil paradoxal et qu'on lui demande s'il rêvait, nous avons 80 % de probabilités de recueillir un rêve comportant des images et actions. C'est pourquoi les rêves ont été associés au sommeil paradoxal. Or, une activité mentale existe aussi pendant le sommeil lent, mais elle se différencie souvent du rêve par sa pauvreté en images. Si l'on admet que le sommeil paradoxal s'accompagne de rêves, tous les oiseaux et les mammifères qui ont du sommeil paradoxal, devraient également avoir du rêve. De la même façon, l'absence de sommeil paradoxal chez les autres animaux exclurait l'existence d'une activité onirique. Toutefois, les rêves utilisent des éléments mémorisés, aussi bien dans la mémoire à court terme que dans celle à long terme.

Même si les structures cérébrales, nécessaires à la mémoire, existent chez une grande partie des animaux, nous connaissons très mal leur capacité de mémoire. Néanmoins, nous devons admettre que la grande majorité des animaux (à l'exception peut-être des insectes et des poissons) a probablement des traces mémorisées, nécessaires à la réalisation des rêves. Le dernier problème à résoudre reste le moyen de détection des rêves chez les animaux. Le seul outil est le langage, avec lequel nous communiquons le contenu de nos rêves.

L'absence de langage chez tous les autres animaux nous interdit de connaître leurs rêves. Nous avons tout de même un moyen expérimental qui consiste à abolir l'atonie musculaire caractéristique du sommeil paradoxal, et à ainsi observer le comportement de l'animal pendant les phases de sommeil paradoxal. Dans ces conditions, un chat présente des comportements typiques de jeu ou de chasse d'un objet ou d'une souris imaginaire ainsi que des comportements d'agressivité et de défense.

Tout laisse à penser qu'un chat, comme un homme, rêve de scénarii caractéristiques de son espèce pendant ses phases de sommeil paradoxal.

M. T.

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