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Horloge biologique et cycle éveil-sommeil-rêve
Le cycle éveil-sommeil, chez la plupart des espèces, est
sous la dépendance du rythme nycthéméral (le jour
et la nuit). Ce rythme agit comme synchroniseur ou donneur de temps (Zeitgeber)
sur une horloge biologique interne située dans l'hypothalamus,
au niveau des noyaux suprachiasmatiques qui reçoivent l'information
lumineuse par des voies venant de la rétine. Cette horloge biologique
interne, en l'absence de synchroniseur externe (par exemple un séjour
prolongé dans un abri ou une grotte) fonctionne "en libre cours"
avec un petit retard ou une avance sur le rythme de 24 h, donc à
peu près 24 h (circadies), d'où le terme de rythme circadien.
Or, cette horloge interne tient sous sa dépendance de nombreuses
autres horloges qui contrôlent la synthèse d'enzymes et d'hormones,
la température centrale et indirectement le rythme d'éveil
et de sommeil. Cela n'a pas eu d'importance autrefois, mais la civilisation
industrielle avec le travail posté (rythme des 3 x 8), les horaires
irré guliers (les routiers), et surtout l'apparition des Jets et
des voyages intercontinentaux, ont placé le cerveau humain dans
des conditions que l'évolution n'avait pas prévues. Ainsi,
un voyageur quittant Lyon pour Los Angeles conserve le rythme circadien
endogène de son horloge interne, alors qu'il reçoit les
informations jour-nuit décalées de 8 ou 9 heures. Il en
résulte une inadéquation (désynchronisation) entre
son besoin de sommeil ou d'éveil et le temps légal (d'où
réveil au milieu de la nuit et endormissement le jour). Cette désynchronisation
entre l'horloge circadienne endogène et le temps réel peut
entraîner, surtout si elle est répétée souvent,
des dérèglements du cycle éveil-sommeil (endormissement
invincible) et parfois des troubles psychiatriques (dépression).
Si le rythme circadien commande l'alternance veille-sommeil, c'est un
rythme ultradien de l'ordre de 90 minutes qui règle la périodicité
du sommeil paradoxal. Chez l'homme, il est possible que ce rythme ultradien
soit l'expression d'un rythme fondamental (Basic Rest Activity "BRAC").
Ce rythme serait alors prédominant chez le nouveau-né, mais
serait ensuite masqué au cours de l'éveil chez l'adulte.
Il réapparaîtrait alors au cours de la narcolepsie dont les
accès diurnes ont souvent une périodicité de 90 minutes.
On conçoit ainsi combien apparaît important, en ergonomie
et en clinique, de surveiller les possibles asynchronies entraînées
par les horaires alternants ou les répétitions de voyages
intercontinentaux.
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