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Phylogénèse du RêveRésumons d'abord l'histoire naturelle du rêve : le rêve (ou sommeil paradoxal) est-il l'apanage de tous les animaux, au moins de tous les vertébrés, (le sommeil étant déjà bien difficile à reconnaître chez une bactérie, une huître ou un moustique). La réponse est négative : nul n'a encore pu enregistrer avec certitude un état similaire au sommeil paradoxal chez les poissons, les amphibiens, les reptiles (sauf peut être le crocodile), alors qu'il est relativement facile d'y reconnaître le sommeil. (fig. 12, fig. 13, fig. 14). Ainsi tout se passe comme si les vertébrés inférieurs (poïkilothermes) n'avaient pas eu besoin de sommeil paradoxal. En revanche, à partir des oiseaux et chez tous les mammifères - et donc chez les homéothermes- il est facile de mettre en évidence le sommeil paradoxal (fig. 15). Il existe des variations considérables selon les espèces - de la poule (qui ne rêve que 25 min chaque nuit, comme la vache) au chimpanzé (90 min) et à l'homme (100 min). Le champion des rêveurs est le chat domestique (200 min par jour) (fig. 16). Ainsi, ce n'est pas le critère de cérébralisation qui sert à mesurer la quantité de rêve d'une espèce. C'est pourquoi beaucoup d'autres corrélations ont été proposées. L'une des meilleures est un indice de sécurité. Les animaux en sécurité dans leurs biotopes dorment plus facilement que ceux qui risquent d'être attaqués. Ainsi, le sommeil leur ouvrira plus aisément les portes du rêve : l'histoire phylogénétique du rêve nous laisse donc sur une interrogation sans réponse. D'autant plus que le mystère du Dauphin ne facilite pas la solution de cette énigme. Permettez-moi de vous parler de notre frère marin en cérébralisation. Il est d'abord soumis à la Malédiction d'0ndine, car il ne peut respirer que volontairement - choisir entre ne pas dormir ou mourir noyé. L'Evolution a résolu de façon élégante ce dilemme. Le dauphin ne dort en effet qu'avec un seul hémisphère a la fois, contrôlant sa respiration alternativement avec son cerveau droit ou gauche (fig. 17). En revanche. malgré plus de 10 années de recherches menées par mon ami. le Professeur Mukhametov, à Moscou et en Crimée, il n'a pas encore été possible d'enregistrer des périodes de sommeil paradoxal au cours du sommeil des dauphins. Cette absence de preuve n'est pas la preuve d'une absence, mais tant que cette énigme ne sera pas résolue, toutes les théories sur les fonctions du rêve resteront fragiles. La tanche (Tinca Tinca), l'Iguane (Iguana Iguana) et le Python (Python Sebae) n'ont jamais présenté de sommeil paradoxalLa tanche (Tinca Tinca), l'Iguane (Iguana Iguana) et le Python (Python Sebae) n'ont jamais présenté de sommeil paradoxal malgré des enregistrements polygraphiques continus pendant plusieurs mois, en 1968 dans notre laboratoire. Un état de sommeil peut cependant être repéré par des modifications discrètes de l'activité électrique de l'Archi-Pallium et par un ralentissement de la fréquence cardiaque chez les reptiles. (d'après Peyrethon. J. Sommeils et Evolution, Thèse de Médecine Lyon 1968) L'Arbre phylogénétique du rêve Une activité électrique cérébrale différente entre l'activité et le repos , le sommeil à ondes lentes (SL), le sommeil paradoxal (SP) et le sommeil comportemental sont soit présents (+), soit absents (-), soit encore indeterminés (?) car il existe peut-être de très courtes périodes de sommeil paradoxal chez certains crocodiles. L'ornithorynque (monotrèmes) n'a fait l'objet que de peu d'études. L'hypnologie a dû développer des méthodes de traitement automatique
L'hypnologie a dû développer des méthodes de traitement automatique des signaux polygraphiques pour étudier le sommeil de différentes espèces. Ce schéma représente la classificafion des fréquences de l'EEG et de l'EMG permettant à un ordinateur de reconnaître automatiquement les états de vigilance chez les souris ou les rats.
(G. Chouvet, U 171 INSERM) Le dauphin ne dort que d'un hémisphère à la fois
D'après Mukhametov et al., Brain Research 1977,134 581-584. |
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