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Le Rêve dans le cycle veille-sommeilLe puzzle fut enfin assemblé à l'endroit en 1959, grâce à la neurophysiologie animale qui devait mettre le rêve à sa véritable place dans le cycle veille-sommeil. De tout temps, depuis Aristote, les chasseurs avaient remarqué que leurs chiens pouvaient présenter quelques mouvements au cours du sommeil. Mais, c'est grâce au chat que le rêve fit son entrée en neurophysiologie. L'étude polygraphique du cycle éveil-sommeil par des électrodes chroniquement implantées au niveau des principales structures cérébrales et de différents groupes musculaires (fig. 7), permit en effet de déceler, par hasard, à l'intérieur du sommeil, deux véritables états différents : l'un, de sommeil à ondes lentes, qui s'accompagne d'ondes corticales lentes et de grande amplitude et de la conservation du tonus musculaire, l'autre de sommeil profond caractérisé paradoxalement par une activité électrique cérébrale similaire à l'éveil, par des mouvements oculaires rapides et par une disparition totale du tonus musculaire. Ces périodes, que j'ai baptisées sommeil paradoxal en 1959, ont une durée moyenne de 6 min et surviennent toutes les 25 min au cours du sommeil (fig. 8, fig. 9). Très rapidement, on s'aperçut que le critère d'atonie musculaire existait également chez l'homme et que le rêve chez l'homme et le sommeil paradoxal chez le chat avaient le même substratum neurobiologique (au moins sur le plan physiologique) (fig. 10, fig. 11). Il n'était donc plus question d'en faire un stade de sommeil léger. Le rêve devenait donc le troisième état du cerveau, aussi différent du sommeil que le sommeil l'est de l'éveil. Le concept que le rêve est le 3e état du cerveau n'est qu'un nouvel avatar d'un concept millénaire - celui des Upanishads de la mythologie hindoue - pour qui le cerveau humain subit l'alternance de l'éveil, du sommeil sans rêve et du sommeil avec rêve. Or, les neurobiologistes n'avaient pas besoin d'un troisième état du fonctionnement cérébral. En effet, l'alternance éveil-sommeil est a priori satisfaisante pour expliquer l'alternance activité-repos de nos cellules cérébrales, au moins de celles qui sont responsables de l'activité nerveuse supérieure. Devant ce nouveau continent découvert dans le cerveau, la neurophysiologie allait alors adopter deux attitudes afin d'essayer de trouver une explication à l'activité onirique : l'une globale - à la recherche de l'histoire naturelle de ce phénomène : quand commence-t-il au cours de l'évolution phylogénétique et ontogénétique ? L'autre réductionniste : que sait-on des mécanismes neurobiologiques du sommeil paradoxal ? Peut-on enfin déduire les fonctions du rêve de ses structures et de ses mécanismes ? Radiographie d'un crâne de chatRadiographie d'un crâne de chat montrant l'emplacement des électrodes corticales, sous corticales et musculaires au niveau des muscles de la nuque. Les trois états de vigilance du chatLes trois états de vigilance du chat. De haut en bas, l'activité corticale, l'activité du noyau genouillé latéral (ou apparaît l'activité ponto-géniculo-occipale - PGO - au cours du sommeil paradoxal, l'électro-oculogrammme (mouvements rapides des yeux), électromyogramme des muscles de la nuque. Les tracés corticaux de l'éveil et du sommeil paradoxal sont identiques, c'est pourquoi il faut enregistrer l'activité musculaire pour déceler le sommeil paradoxal sur un enregistrement polygraphique. Le sommeil paradoxal est un phénomène périodiqueLe sommeil paradoxal est un phénomène périodique. Il survient chez le chat au cours du sommeil avec une périodicité de 25 min (chaque ligne représente 4h d'enregistrement). Il semble que la périodicité du sommeil paradoxal soit proportionnelle au log. de la masse d'un animal (7 min chez la souris, 90 min chez l'homme, 120 min chez l'éléphant). La nature intime du Pace maker ultradien responsable de cette périodicité est inconnue. Polygraphie du sommeil et du rêve chez l'hommeLes deux tracés supérieurs représentent l'électroencéphalogramme recueilli par des électrodes fixées au niveau du scalp. Les deux suivants correspondent respectivement à l'électrooculogramme (EOG) (pour enregistrer les mouvements oculaires) et l'électromyogramme (EMG) des muscles de la houppe du menton. Remarquer la similitude entre le stade 1 du sommeil et le sommeil paradoxal et l'importance d'enregistrer l'EOG et l'EMG pour déceler le rêve. Hypnogramme d'une nuit de sommeil chez un jeune adulteLes différents stades du sommeil sont représentés en gris (les stades 3 et 4 correspondent au sommeil lent profond et surviennent surtout pendant la première moitié de la nuit). Le sommeil paradoxal est représenté en rouge, la 3e période est suivie d'un très court éveil. La disparition totale de l'activité tonique musculaire (recueillie au niveau des muscles de la houppe du menton) est représentée par les traits foncés en haut de la figure. Si l'on réveille un sujet au cours du sommeil paradoxal, dans 80% des cas, il peut raconter avec beaucoup de précision (et très souvent en couleurs) un rêve. Si l'on réveille un sujet pendant les périodes de sommeil lent, on ne peut obtenir des souvenirs de rêve que dans 20% des cas. La plupart du temps, ces souvenirs sont estompés, et souvent en rapport avec la situation du sujet dans le laboratoire. |
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