L'histoire naturelle du rêve
Conférence de Michel Jouvet
TABLE DES MATIERES

Théorie métaphysique du rêve

Les théories psychologiques
Structure temporelle du rêve
Support neurobiologique
Le rêve dans le cycle veille-sommeil
Phylogénèse du rêve
Ontogénèse du rêve
Mécanismes du rêve
Le comportement onirique
Les systèmes permissifs
Fonctions du rêve

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Structure temporelle du rêve

Dès la fin du XIXe siècle, cependant, le rêve acquiert une structure temporelle. Cette seconde voie d'exploration est capItal.e car elle annonce la neurobiologie moderne.

Alfred Maury, professeur au Collège de France au début de ce siècle, en réveillant à intervalles réguliers des sujets au cours du sommeil remarque qu'il n'obtient que rarement des souvenirs de rêve. Le concept d'une activité onirique permanente au cours du sommeil est donc infirmé. Pour A. Maury, le rêve devient un phénomène épisodique ou aléatoire qui surviendrait lorsque le sommeil est plus léger, soit au cours de l'endormissement (images hypnagogiques), soit sous l'influence de stimuli extérieurs (bruit) ou internes (douleur), soit enfin avant le réveil (images hypnopompiques). Le phénomène du rêve devient ainsi dépendant de la qualité du sommeil et de son interaction avec l'éveil. Perdant son caractère intemporel, il commence à devenir physiologique. Alfred Maury est également célèbre pour son Rêve de la Guillotine souvent cité, mais apocryphe, car il fut écrit plus de 50 ans après.

L'oeuvre d'Henri Piéron (1881-1964) a une grande importance historique même si elle ne concerne par directement le rêve. En 1913, H. Piéron réussit en effet à transférer par voie sanguine ou ventriculaire les hypnotoxines d'un chien privé de sommeil à un receveur et à induire chez celui-ci un comportement de sommeil profond. Les travaux de Piéron furent très discutés (surtout par R. Dubois de Lyon, inventeur de la théorie de la narcose carbonique, et Claparède de Genève, pour qui le sommeil est un instinct) et ils tombèrent dans l'oubli. Ils sont à nouveau à l'ordre du jour depuis la mise en évidence de peptides facilitant le sommeil. L'hypothèse d'un ou de plusieurs facteurs responsables du sommeil et du rêve fait actuellement l'objet de nombreux travaux.

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BIBLIOGRAPHIE
  • M. Jouvet., Le Rêve, La Recherche, 1974, 46 : 515-527.
  • M. Jouvet., Le comportement onirique, Pour la Science, 1979, 25 : 136-152.
  • M. Jouvet., Programmation génétique itérative et sommeil paradoxal., Confrontations psychiatriques 1986, 27 : 153-181
  • W.C. Dement., Dormir, rêver, Éditions du Seuil, Paris,1981.
  • O. Benoit., Physiologie du sommeil , Masson, Paris, 1984.

GLOSSAIRE
  • Activité ponto-géniculo-occipItale : (PGO) Activité spécifique du sommeil chez l'animal responsable des mouvements oculaires rapides. Elle n'a pu être enregistrée que très indirectement chez l'homme au moyen d'électrodes placées au niveau de la région occipItal.e.
  • Cataplexie : Affection caractérisée par la perte soudaine du tonus sous l'influence d'une émotion. Elle accompagne la narcolepsie.
  • Entoptiques (images) : Sensations lumineuses nées dans la rétine.
  • Homéotherme : Se dit des animaux improprement appelés à sang chaud dont la température est constante et indépendante de celle du milieu ambiant.
  • Hypnagogiques (images) : Images qui surviennent à l'endormissement.
  • Hypnogramme : Représentation en deux dimensions du déroulement d'une nuit de sommeil en mettant en ordonnée les différents stades du sommeil et en abscisse le temps.
  • Hypnopompiques (images) : Images se produisant au réveil.
  • Hypnotoxines : Toxines qui seraient responsables du sommeil.
  • Métapsychologie : Description d'un processus psychique dans ses différentes relations dynamiques, topiques et économiques. Terme créé par Freud.
  • Narcolepsie : Exagération pathologique du besoin de dormir.
  • Poïkilothermes : Se dit des animaux improprement appelés à sang froid et dont la température subit les mêmes variations que celles du milieu ambiant.
  • Sommeil à ondes lentes : Stade du sommeil qui s'accompagne d'ondes corticales de grande amplitude et de la conservation du tonus musculaire.
  • Sommeil paradoxal : État du sommeil qui se caractérise par une activité électrique similaire à l'éveil, des mouvements oculaires rapides et la disparition totale du tonus musculaire.