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Les théories psychologiquesCependant, alors que le courant métaphysique perdait de sa force, un autre courant, psychologique, allait croître et s'intéresser au rapport du rêve, (toujours considéré comme phénomène intemporel au cours du sommeil) avec les souvenirs, la personnalité, les stimuli externes au cours du sommeil. Initié par Aristote, pour qui le rêve n'est que l'activité de l'Esprit au cours du sommeil (sans y voir une quelconque communication avec Dieu), le courant psychologique va grandir à la fin du XVIIe siècle et au cours du XIXe siècle. Il est impossible de citer ici les différentes théories du rêve qui virent le jour. Pour les uns, les sensations kinesthésiques de nos membres, les stimuli externes ou internes sont les sources des hallucinations du rêveur (fig. 2). Ainsi, pour Bergson, l'image onirique serait due à une image rétinienne (entoptique). Peu à peu, la mode d'étudier ses propres rêves gagne le monde scientifique. Des concours ont lieu dans différentes Académies. Delage, déjà bien connu grâce à ses controverses avec Darwin sur l'hérédité, écrit quotidiennement ses rêves dans son laboratoire de Roscoff. Il remarque que la déclaration de la guerre de 1914 ne lui laisse aucun souvenir, ni la mort de certains de ses proches. Analysant en détail ses souvenirs, il émet l'hypothèse que ce serait le psychisme réprimé pendant l'état de veille qui apparaît dans le rêve. Cette idée de répression avait déjà été formulée 25 ans auparavant par l'allemand Robert pour qui le rêve est l'élaboration de pensées étouffées dans l'oeuf. Tant de noms apparaissent à cette époque que plusieurs heures seraient nécessaires pour en épuiser la liste. Certains personnages étudiant les rêves sont eux-mêmes fort curieux. Ainsi Harvey de Saint-Denis, professeur de chinois et de tartaro-mandchou au Collège de France, se dit capable de diriger ses rêves (fig. 3). Ce qui est, je le crois, exceptionnel. En revanche, le rêve lucide mais involontaire a été constaté et fait l'objet actuellement d'une vogue médiatique. Le livre d'Hervey de Saint-Denis contient un magistral historique des théories psychologiques du rêve : "Nihil est in vibionibus somniorum quod not prius fuerit il vibu" écrit-il, insistant sur l'importance des souvenirs de l'enfance et de la répression de ces souvenirs. Il est curieux que Freud n'ait pas lu le livre de H. de Saint-Denis et n'évoque jamais les problèmes de la situation temporelle du rêve au sein du sommeil. Freud, inventeur de la Métapsychologie, écarte tout ce qui est sommeil parce que c'est de la physiologie. Freud fait du rêve l'expression d'un désir et le gardien du sommeil. Il construit un véritable appareil psychique en dehors du cerveau. Cette topique permet de considérer les espaces correspondant au Ca, Moi et Surmoi. Concepts qui firent fortune et qui attendent toujours une impossible réfutation expérimentale. Nous terminerons cette revue du courant psychologique par Jung. Son inconscient diffère de celui de Freud, car il serait le siège d'images universelles primordiales que l'on trouverait parmi toutes les civilisations. Ainsi, le rêve du soleil phallique remonterait au culte de Mithra. Le cauchemar traduit bien la perte du tonus musculaireLe cauchemar traduit bien la perte du tonus musculaire qui saisit le rêveur alors qu'il doit fuir ou lutter contre des visions fantastiques (incubes et succubes). Frontispice de l'Edition originale du livre d'Harvey de Saint Denis
Frontispice de l'Edition originale (devenue fort rare) du livre d'Harvey de Saint Denis (Amyot, Paris.1867). La gravure supérieure represente un rêve induit au cours du sommeil par une odeur d'essence d'un atelier de peinture (quelques gouttes sur l'oreiller). Le rêve représente le peintre (qui fut le maitre d'HSD) en compagnie d'une jeune fille nue qu'il reconnait comme l'un de ses plus beaux modèles. Les autres gravures représentent les hallucinations hypnagogiques d'H.S.D selon la terminologie de Maury. |
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GLOSSAIRE |
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