Etude polygraphique du sommeil chez les oiseaux
M. Klein, F. Michel et M. Jouvet
Comptes rendus des scéances de la Société de Biologie Séance du 16 Décembre 1963 Tome CL VIII, n¡1, 1964
TABLE DES MATIERES
Sommaire
Matériel et méthode
Résultats
Discussion
Conclusion
Figure 1
Figure 2

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Résultats

A. Poussins

On peut distinguer trois niveaux de vigilance:

1. Un état d'éveil (figure 1,1) qui est caractérisé par un comportement d'investigations et d'incessants mouvements motivés par la recherche de nourriture. L'activité E.E.G. est constituée par un rythme de 10 à 15 c/s associé à des bouffées de 5 à 7 c/s. Cette activité est de bas voltage, 20 à 40 microvolts. L'activité des muscles du cou est importante et dépasse 50 microvolts, le rythme cardiaque élevé (380 à 400 à la minute). Il existe également de nombreux mouvements des paupières et quelques mouvements des yeux.

2. L'état de sommeil "lent" (figure 1, 2). Placés dans une ambiance chaude et après avoir lissé leurs plumes, les poussins ont tendance à se grouper et à dormir ensemble dans un coin de la couveuse. lls ferment les paupières. Quelques secondes plus tard, on note une chute progressive de la tête, mais les animaux restent en général debout. A ce moment, on voit apparaître des ondes lentes de 2 à 3 c/s de haut voltage (100 microvolts). L'activité E.M.G. diminue tandis que le rythme cardiaque se ralentit légèrement (250 à 300 par minute). Au bout d'une dizaine de minutes, cet état conduit périodiquement à:

3. Un état de sommeil "hypotonique" (figure 1,3). Cet état apparaît lorsque le poussin présente un maximum de relâchement des muscles du cou et des ailes et lorsque le bec touche le sol. Il survient par de très courtes phases d'une durée moyenne de 6 à 8 secondes, qui ne dépasse jamais 15 secondes. Cet état se caractérise par l'apparition des bouffées de 5 à 8 mouvements rapides des yeux anarchiques, rotatoires et disconjugués, très différents des mouvements des yeux d'éveil, par un ralentissement cardiaque très important (95 à 110 par minute). Il existe alors dans la majorité des cas une activation de l'E.E.G qui devient alors similaire à celui observé au cours de l'éveil, mais jamais il n'a été décelé une abolition totale de l'activité E.M.G. des muscles du cou. Celle-ci diminue de façon notable mais il y a seulement une hypotonie et non une atonie totale. A la fin de cette phase, le poussin redresse la tête et l'activité E.M.G. réapparaît. Par contre, l'activité E.E.G. reste le plus souvent lente. Dans d'autres cas, il peut ouvrir les yeux et se réveiller complètement l'activité E.E.G. redevient alors rapide. La durée de ce phénomène périodique ne représente que 0,4 à 0,6 % du sommeil comportemental. Ces phases tendent à se grouper en 3 à 4 par minute, pendant 2 à 5 minutes. Leur périodicité est cependant très irrégulière.

B. Oiseaux Adultes

L'apparition spontanée du sommeil est plus difficile à mettre en évidence chez la poule et le pigeon adulte et semble liée à l'habituation aux conditions expérimentales. On peut néanmoins distinguer comme chez le poussin trois stades très nets de comportement.

1. Un état d'éveil (figure 2,1) caractérisé par une activité cérébrale plus rapide que chez le poussin, de 16 à 25 c/s, peu régulière et de bas voltage (15 à 25 microvolts). L'activité E.M.G. est importante et le rythme cardiaque élevé à 350 par minute. Il y a également de nombreux clignements des paupières et mouvements des yeux.

2. L'état de sommeil "lent" (figure 2,2) peut apparaître alors que l'animal est debout ou couché. L'E.E.G. se modifie dès que l'oiseau présente une occlusion palpébrale qui dure plus de 5 secondes, ou lorsqu'il est placé dans l'obscurité. L'activité cérébrale est irrégulière, polymorphe, et constituée par des ondes de 5 a 9 c/s, de grande amplitude (dépassant 100 microvolts). L'activité E.M.G. reste importante lorsque l'oiseau est en position debout, mais tend à diminuer lorsque l'oiseau s'accroupit. Le rythme cardiaque se stabilise alors à 300 par minute. Cet état de sommeil est entrecoupé par de nombreux réveils électriques au cours desquels l'activité E.M.G. augmente. Néanmoins, il apparaît ensuite des périodes d'une durée supérieure à 30 minutes, au cours desquelles aucun réveil électrique ou comportemental n'apparait. C'est alors que peuvent survenir les phases de sommeils "hypotoniques".

3. L'état de sommeil hypotonique (figure 2,3) est plus difficile à observer que chez le poussin. On peut parfois remarquer un affaissement bref de la tête qui peut reposer alors sur le sol et une chute des ailes, mais le plus souvent cet état échappe à l'observation car la tête est généralement cachée sous les ailes. Par contre, cet état est très caractéristique au point de vue polygraphique, Il est marqué comme chez le poussin, par une activation du tracé qui redevient semblable à celui de l'éveil, par des bouffées de 5 à 6 mouvements des yeux, par un ralentissement important du rythme cardiaque et enfin, par une diminution de l'activité des muscles de la nuque; mais cette diminution n'est jamais totale et il n'a ainsi pas été possible d'enregistrer des atonies complètes s'inscrivant sur l'onirographe au cours des enregistrements de toute la nuit. La durée de chacune de ces phases de sommeil "hypotonique" ne dépasse pas 4 à 5 secondes, elles tendent également à se grouper au rythme de 2 à 3 par minute et surviennent de façon assez irrégulière au cours de l'état de sommeil lent. Leur durée totale ne dépasse pas 0,3 % du sommeil comportemental.

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REFERENCES
  1. M. Klein
    Etude polygraphique et phylogénique des états de sommeil
    Thèse de Médecine, Lyon, 1963
    .
  2. J.L. Valatx
    Ontogénèse des différents états de sommeil
    Thèse de Médecine, Lyon, 1963
  3. D. Jouvet, J.L. Valatx et M. Jouvet
    C.R. Soc. Biol. 1961, 1, 155, p. 1960.
  4. M. Jouvet
    Rev. Neurol., 1962, t. 107, P. 269.
  5. M. Jouvet
    Arch Ital. Biol., 1962, t. 100, p 125.