L'image
est la loi d'expression du rêve, toutes les significations
subissent une sélection qui " prend en considération
leur figurabilité ". Pour instaurer une primauté
du " visuel ", le rêve donne prise à des
interprétations d'images qui ne sont pas seulement visuelles.
Une parole ou un mot, dans le rêve, n'auront pas leur sens
verbal mais d'abord une signification d'image par rapport aux autres
images. La condition de mise en images est évidemment opérante
dans les autres mécanismes: les pensées du rêve
éliront des représentants imagés, ceux qui
permettent la meilleure figuration visuelle de leurs contenus, même
les plus abstraits; le déplacement s'orientera vers les images
substitutives les plus " adéquates ". Il y a donc
aussi un " déplacement de l'expression " qui invite
à rechercher un " pont " entre l'abstraction des
pensées et la concrétude visuelle. Le " président
rêvé " peut être simplement figuré
par son " fauteuil " (comme le roi par son trône),
il faut alors que l'image dudit " fauteuil " soit elle-même
" présidentielle " (un " strapontin
" ne ferait pas l'affaire). Le plus souvent, c'est dans l'usage
langagier, dans les formules déjà fortement imagées
par les habitudes d'expression, que le rêve puise une formulation
suffisamment métaphorisée par elle-même afin
" d'élire " l'image: l'expression " haut placé
" est propice à toute figure " en hauteur ".
Une simple écharpe nouée autour du cou peut témoigner
du fait que quelque chose est resté " en travers de
la gorge ". Le rêve peut être ainsi compris comme
un mode d'expression, sinon régressif, du moins qui fait
retour vers la pensée avant langage. Freud. insiste sur une
complicité " visuelle " entre le rêve et
le souvenir d'enfance, où les scènes visuelles prédominent.
La condensation et l'élaboration secondaire participent à
une dramatisation qui est à la fois scénarisation
et intensification de l'image.
P. L.
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