Captation de rêve
Sur l'autel des Neuf Immortels du temple des Pierres
et des Bambous,
ces femmes tentent de capter le songe envoyé par un de
ces neuf seigneurs,
qui auraient vécu au III siècle av. J.-C.
En Chine, des temples intégrant des panthéons bouddhistes
et taoïstes sont à nouveau le lieu de pèlerinages
pour susciter des rêves divinatoires. Tel est le cas du
temple des Pierres et des Bambous, dans la province du Fujian,
dont la première construction remonte au IXe siècle.
L'ascension au sanctuaire, situé au sommet d'une montagne,
est elle-même ponctuée de consultations de devins.
Au terme de la montée, le pèlerin passera une ou
plusieurs nuits dans le temple pour recevoir le message transmis
par les âmes divines durant son sommeil. Pour être
sûr que le rêve obtenu correspond bien à la
question que l'on soumet aux dieux, on peut recourir à
des " rêveurs professionnels " : des femmes médiums
ou bien des enfants de la famille. Les raisons de venir rêver
sont les mêmes que celles qui conduisent à consulter
un médium ou un chaman : obtenir un diagnostic et des remèdes
en cas de maladie, définir la conduite à adopter
dans la vie sociale, les affaires, le métier. Le pèlerinage
contemporain s'inscrit ainsi dans une tradition qui, depuis la
plus haute Antiquité, accorde une extrême importance
à la divination en général et au rêve
en particulier, assimilé à un voyage de l'âme
qui s'extériorise pour communiquer avec les puissances
divines. Mais, l'ascension au sanctuaire est perçue comme
une forme d'exaltation du linggan, l'énergie vitale
du pèlerin qui entre en contact avec les propriétés
géomantiques de la montagne elle-même, puisque l'univers
est assimilé à un corps parcouru de flux vitaux.
Ces techniques de raffinement permettent à l'âme
la plus spirituelle de s'extérioriser pour fusionner avec
les âmes divines. Le rêve accordé par les dieux
vient alors consacrer cette fusion, mais on doit se garder des
rêves parasites envoyés par les démons. Enfin,
il arrive que l'on ne puisse pas rêver et ceci sera interprété
comme un refus des dieux, venant sanctionner un défaut
d'énergie ou des fautes cachées.
G. C.
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