Schubert expose ici le point de vue des romantiques sur le rêve.
Eduqué dans la foi piétiste, il a été
l'élève des fondateurs de la Naturphilosophie allemande
dont il a brillamment poursuivi l'oeuvre. Lorsque, plus tard, il
fut influencé par le philosophe mystique Franz Baader, il
infléchit sa pensée dans une direction plus métaphysique.
Comme tous les romantiques, Schubert est moniste : il considère
l'univers comme un gigantesque organisme dont l'étude résiste
au mécanisme de l'époque des Lumières. Loin
de la raison et de ses calculs, il revendique l'intuition du monde,
la nécessité de dépasser les limites inhérentes
à la connaissance rationnelle par un retour à l'intériorité,
retour à ce morceau de l'âme du monde contenue en soi,
pour comprendre le langage universel du grand Livre de la Création.
Dans La Symbolique du rêve, Schubert révèle
l'unité profonde du langage de la poésie et du rêve
qui a sa source dans les côtés nocturnes de notre être,
côtés que Carus, maître philosophe de la Nature,
va bientôt nommer " inconscient ", sans y mettre
le contenu freudien. Le langage onirique est l'activité naturelle
de l'âme qui s'exprime en harmonie avec l'inconscient cosmique
dont elle relève. La langue du rêve est poétique,
elle prophétise et révèle le destin poétiquement;
toute tentative pour l'interpréter rationnellement,
dans le langage de la prose, ne serait que vanité. Le monde
invisible n'est plus transcendant au monde sensible, il lui est
immanent, chacun porte en lui une part du sacré.
Dans la seconde partie de l'ouvrage, l'auteur tente de mettre en
accord ces conceptions mystiques avec la physiologie romantique
qui oppose le système cérébral et le système
ganglionnaire responsable des états de clairvoyance, de semi-conscience,
de rêve. Il évoque, dans le poète caché
qui sommeille en nous, le démon plein de passions et de vices
inavouables qui peuplera l'inconscient freudien. Cette condition
de mortel ne peut être surmontée que dans l'amour divin,
exhortation qui clôt le livre.
Ce livre peut donner envie de lire: Les nombreux ouvrages
que G. Gusdorf a consacrés au romantisme chez Payot; et bien
sûr l'ouvrage d' Albert Béguin L'Ame romantique
et le rêve, Corti, Paris, 1939.
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