Allan Hobson, psychiatre américain, rapporte une curieuse
découverte du prix Nobel de physiologie Otto Loewi: "Au
moment même où Freud promulguait sa théorie
du rêve, Otto Loewi se débattait en essayant de comprendre
pourquoi la stimulation électrique d'un nerf (le nerf vague)
avait pour effet de ralentir le coeur [ ... ] Après
s'être colleté quelque temps avec son problème
expérimental, Loewi se réveille un jour ayant rêvé
qu'il avait trouvé la solution. Mais impossible de se rappeler
le rêve! La nuit suivante, il va au lit avec la ferme intention
de rêver de nouveau à cette expérience cruciale."
Et cela marche! Au réveil, Loewi prépare deux
grenouilles, prélève le sang de l'une, dont il a ralenti
les battements cardiaques, et l'injecte dans le coeur de l'autre...
qui ralentit aussitôt. Loewi vient de découvrir les
curieux effets de l'acétylcholine. Et sa volonté farouche
d'orienter son rêve n'est pas sans rapport avec celle de Descartes
racontant (à la troisième personne) son troisième
rêve, fait le 10 novembre 1619: " Ce qu'il y a de singulier
à remarquer, c'est que doutant si ce qu'il venait de voir
était songe ou vision, non seulement il décida en
dormant que c'était un songe, mais il en fit encore l'interprétation
avant que le sommeil le quittât. " De ce rêve
résulta le fameux " Je pense donc je suis
", qui aurait pu être avantageusement remplacé
par " Je rêve donc je crée. "
N.W.
Le Cerveau rêvant, pp.35, 148-149, de J. Allan Hobson, Gallimard,
1992.
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