" Le Cauchemar "
d'Heinrich Füssli (1792).
collection privée
Comment définir le cauchemar sinon comme un rêve qui
tourne mal ? Le mot vient du vieil allemand mahra qui signifie étalon
et se confond avec le radical mar, mourrir. On en trouve la trace
dans les traditions populaires germaniques et anglo-saxonnes, où
rêver d'un cheval est un présage de mort prochaine.
Heinrich Füssli, prédicateur et peintre zurichois qui
passa la plus grande partie de son existence à Londres en
tant que conservateur de la Royal Academy, devait intuitivement
le savoir. Le fait est, en tout cas, qu'il placa une tête
de cheval fantômatique au centre de Cauchemar,
son tableau le plus célèbre, dont il donna six réplique
entre 1781 et 1792. Elle apparaît au dessus d'une femme endormie,
couchée sur le dos et sur la poitrine de laquelle est assis
un kobold. Le tableau aurait pour origine la passion amoureuse de
Füssli pour la belle Anna Landolt, dont il fit le portrait
et que son père refusait de lui donner en mariage. Et afin
d'exorciser son cauchemar, il peindra en 1793 un tableau dans lequel
figurent deux jeunes filles endormies avec, à l'arrière
plan, le cheval qui fuit par une fenêtre ouverte, emportant
au loin le cauchemar d'autre dormeurs.
Jean-Louis Ferrier
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