Le cerveau rêveur
Jean-Louis Valatx , Science et Avenir Hors-Série Le Rêve Dec. 96
SOMMAIRE
Le cerveau rêveur
La chimie des rêves
Neurones SP-ON
Le réseau du sommeil paradoxal
Neurones SP-OFF
Le rebond de sommeil après privation
La biochimie du "rebond"
L'atonie musculaire du rêveur
Neurones à glycine

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Science et Avenir
Hors-Série Le Rêve
Sommaire général
Le rebond de sommeil après privation

La privation sélective de rêve pendant plusieurs jours, en réveillant le sujet dès que le sommeil paradoxal commence, entraîne des modifications du comportement (agressivité, troubles de la mémoire, hallucinations, suggestibilité accrue). A l'issue de cette privation, on observe une augmentation du sommeil, appelée rebond. Cette récupération est proportionnelle à la durée de la privation, mais elle ne représente, en moyenne, que 60 % de la dette. Le rebond est généralement attribué à l'accumulation de substances hypnogènes au cours de la privation. Cependant, après certaines lésions cérébrales ou après une manipulation pharmacologique, il est possible de supprimer le rebond sans modifier le sommeil spontané. De cette observation (dissociation rebond-éveil prolongé), on a déduit que le rebond est produit par un mécanisme indépendant de celui du sommeil. Cette boucle de régulation renforce l'effet anti-éveil. Une partie de ce rebond est due au stress inhérent aux méthodes de privation. Par ailleurs, la durée du sommeil paradoxal de l'animal est augmentée à la suite d'expositions à des situations nouvelles, inhabituelles, mettant en jeu la survie, comme apprendre à sortir d'un labyrinthe ou à appuyer sur une pédale pour obtenir de la nourriture. En rejouant son répertoire génétique pendant le sommeil paradoxal, l'animal y confronte sa nouvelle expérience et recherche des éléments de réponse. Lorsque l'apprentissage est maîtrisé et intégré dans son répertoire, le sommeil revient aux valeurs de contrôle. La privation de sommeil perturbe l'acquisition de la maîtrise de ces situations de survie. Chez l'homme, la suppression prolongée (plusieurs semaines) du sommeil paradoxal par certains psychotropes (MAO) ne semble pas perturber la mémorisation.

Cependant, les batteries de tests utilisées en clinique pour dépister les troubles mnésiques ne mettent pas le sujet dans des conditions de survie analogues à celles de l'animal. Un homme privé de rêve, sur une île déserte, serait-il capable de survivre en inventant les outils indispensables à sa survie ?

J.-L.V.

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