Au cours du sommeil paradoxal, on observe une paralysie musculaire,
alors que l'activité électrique venant du cortex
moteur et parcourant le faisceau pyramidal vers la moelle épinière
et les muscles est aussi intense que pendant l'éveil
actif. L'inhibition active des motoneurones spinaux empêche
l'expression de cette commande motrice. Que se passe-t-il si
les neurones responsables de l'atonie musculaire sont lésés?
L'éveil et le sommeil lent ne sont pas modifiés.
Le sommeil paradoxal survient avec toutes ses caractéristiques,
exceptée l'atonie musculaire. L'animal, n'étant,
plus paralysé, redresse la tête, se lève
et accomplit un certain nombre de comportements caractéristiques
de l'espèce. Le chat se met à l'affût devant
une proie imaginaire, fait le gros dos le poil hérissé,
souffle comme s'il était devant un ennemi effrayant,
fait sa toilette, joue avec une balle ou une souris invisibles.
La durée (5 à 6 minutes) de ces périodes
oniriques (par analogie au rêve humain) est identique
à celles des phases de sommeil paradoxal observées
avant la lésion. L'expression de ces comportements résulte
de l'activation de circuits neuronaux bien identifiés
du système limbique. Leur stimulation pendant l'éveil
déclenche à volonté leur manifestation.
Basée sur ces observations, la fonction du sommeil paradoxal,
au cours de l'ontogenèse, serait de mettre en place ces
circuits. Il n'a malheureusement jamais été possible
de supprimer complètement chez l'animal nouveau-né
le sommeil paradoxal pendant plus de deux jours pour tenter
de vérifier ces hypothèses. Chez l'adulte, le
rêve servirait à maintenir ces circuits en fonction
afin de préserver la personnalité ou à
les modifier, en vue d'une meilleure adaptation à l'environnement.
J.L. V.
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