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* Chargé de recherches an C.N.R.S. Ce travail a bénéficié d'une aide de l'E.O.A.R.D.C. - U.S.A.F. - Contrat AF 61 (514) 1206 Parmi les nombreuses modalités de réaction de l'organisme aux différents messages du milieu extérieur, l'attention constitue un phénomène privilégié ; elle traduit en effet la réponse organisée et totale du système nerveux à un signal important. Plus que la réactivité à un signal, l'attention objective la perceptivité de celui-ci. On conçoit donc l'intérêt qu'il peut y avoir à étudier les corrélations neurophysiologiques de ce processus afin de mieux comprendre les mécanismes de la prise de conscience. L'expérience subjective de chaque jour permet de reconnaître les deux aspects fondamentaux du processus d'attention que la psychologie a bien mis en évidence, c'est dire, la sélectivité de l'attention pour une seule catégorie de signaux et l'effet inhibiteur qui s'exerce sur les autres modalités sensorielles. Pour le neurophysiologiste deux problèmes sont ainsi à résoudre : - le premier concerne l'aspect positif de l'attention : quelle va être au sein du système nerveux la répartition et l'allure des signaux qui conditionnent l'attention ? - le second s'applique à l'aspect négatif de ce phénomène, la distraction en quelque sorte - c'est le devenir des autres messages du monde extérieur devant ce processus. Adrian (1) remarque à ce sujet que les influx des organes sensoriels doivent être "intégrés" de façon différente lorsque nous y sommes attentifs et lorsque nous ne le sommes pas. Pour cet auteur deux mécanismes sont possibles : Dans le premier, tous les signaux parviendraient au cortex, quel que soit l'objet de l'attention. Le cortex aurait ainsi à sa disposition à chaque instant un modèle complet de l'univers environnant transmis par les récepteurs sensoriels et il reviendrait à un mécanisme de contrôle de rendre une aire corticale privilégiée réceptive au signal auquel nous sommes attentifs. Selon un autre mécanisme, l'appareil de contrôle interviendrait à un stade plus précoce, et seuls les messages privilégiés parviendraient au cortex. L'expérimentation animale s'est efforcée récemment (13-14) d'objectiver les mécanismes essentiels de l'attention, mais il s'agit d'une expérimentation difficile. Il est parfois impossible en effet, en expérience aiguë sur un animal curarisé et non anesthésié ou en expérience chronique, de distinguer par l'analyse de l'activité électrique corticale ou du comportement un état d'attention d'un simple éveil cortical non spécifique. C'est pourquoi l'étude de la transmission des messages corticipètes chez l'homme prend une importance particulière - la connaissance de l'expérience subjective du sujet humain est infiniment précieuse pour l'expérimentateur qui peut ainsi contrôler la réalité du processus d'attention qu'il induit. De son côté la clinique neurologique offre l'occasion quotidienne d'observer des troubles de l'attention, que ceux-ci traduisent une dissolution globale de la conscience ou au contraire qu'ils objectivent une atteinte à l'emporte-pièce dans le champ de la conscience. Ces cas privilégiés, véritable "dissolution de conscience en secteur " comme les nomme Purdon-Martin constituent de "véritables expériences faites sur le cerveau par la maladie" selon le mot de H. Jackson. Et l'on conçoit l'intérêt qu'il peut y avoir à explorer de la manière la plus objective possible cette pathologie de l'attention. C'est à l'E.E.G. recueilli sur le scalp que l'on s'est d'abord adressé, mais les renseignements ont été minimes. L'E.E.G. en effet n'est qu'un lointain reflet de l'activité électrique cérébrale et doit compter avec les perturbations liées aux lésions responsables du syndrome pathologique. D'autre part même si avec les méthodes d'intégration électroniques actuelles (3-4-5) on parvient à mettre en évidence les réponses corticales aux signaux afférents, rien ne permet d'affirmer, devant une variation d'amplitude, si celle-ci s'est produite à une étape précorticale ou au niveau du cortex. Le but de nos investigations poursuivies depuis 2 ans (6) a été de vérifier s'il était possible d'objectiver chez l'homme un mécanisme de contrôle des signaux afférents au cours de leur étape précorticale lors de l'attention. Cette condition ayant été vérifiée, nous avons ensuite étudié des sujets atteints de troubles divers de la conscience. Nous exposerons d'abord les résultats portant sur les afférences visuelles et somesthésiques obtenus sur des groupes de sujets indemnes de troubles de l'attention, ensuite sur un groupe de sujets pathologiques. |