Étude de la motricité oculaire au cours de la phase paradoxale du sommeil chez le chat
M. Jeannerod, J. Mouret et M. Jouvet Electroencephalogr. Clin. Neurophysiol. 18 pp : 554-566 (1965)
TABLE DES MATIERES

Sommaire

Matériel et Méthodes

I. Les mouvements des yeux chez l'animal normal

II. Analyse des mouvements des yeux après différentes lésions

III. Modifications par les agents pharmacodynamiques

Discussion

Résumé et conclusions

FIGURES

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Résumé

1. Les mouvements rapides des yeux (MRY) survenant au cours de l'état de sommeil avec activité corticale rapide ou phase paradoxale du sommeil (PP) ont été étudiés au moyen de la méthode électro-oculographique chez des chats chroniques normaux ou porteurs de diverses lésions cérébrales.

2. Chez le chat normal, au cours de la PP, on peut distinguer des mouvements oculaires isolés, en petits groupes (comme pendant l'observation) et des bouffées (plus de 5 mouvements); ces bouffées sont spécifiques de la PP.

3. La vitesse des mouvements isolés au cours du sommeil est légèrement plus lente que celle des mouvements isolés d'observation.

4. Différents indices ont été utilisés pour analyser ces mouvements: fréquence par minute, nombre de bouffées par minute et rapport entre le nombre des mouvements compris dans les bouffées et le nombre total de mouvements. Ce rapport, ou constante de répartition oculomotrice, est constant et égale à 50 % chez chaque animal normal.

5. Chez le chat pontique, incapable de MY d'éveil, des MY, latéraux, rares et isolés, surviennent au cours des PP. Les structures suffisantes à l'apparition des mouvements oculaires de sommeil sont ainsi situées dans la partie caudale du tronc. Les arguments en faveur d'une "zone de déclenchement" pontique sont discutés.

6. Après décortication totale, les MY isolés disparaissent presque totalement, mais le nombre de bouffées augmente. Il existe donc des structures sous-corticales prépontiques susceptibles de complexifier l'activité oculo-motrice déclenchée par le pont. Parmi ces structures le colliculus supérieur joue un rôle important car sa destruction diminue les MRY.

7. La décortication occipItal.e diminue le nombre de bouffées tandis que la décortication frontale l'augmente. Il est donc permis de penser que le cortex visuel a un rôle facilitateur et le cortex frontal un rôle inhibiteur sur la motricité oculaire de la PP. Les influences corticales pourraient s'exercer directement au niveau de la région des colliculi et du mésencéphale.

8. L'action inhibitrice de l'atropine et l'action facilitatrice de l'ésérine ont été constatées. Le mode d'action central de l'ésérine est discuté.

9. Les rapports entre les MRY, l'activité musculaire extrinsèque oculaire et l'activité électrique phasique ponto-géniculée visuelle survenant au cours de la PP sont discutés.

10. L'ensemble de ces résultats suggère qu'un système oculo-moteur, à point de départ pontique, est responsable des MY de sommeil. L'organisation schématique d'un tel système est discutée.

Summary

1. The rapid eye movements (REM) occurring during the stage of sleep with fast cortical activity, or paradoxical stage of sleep (PP), have been studied by the electro-oculographic method in chronically implanted cats which were either normal or had brain lesions.

2. In the normal cat, during the PP, the eye movements are either isolated, in small groups (like during visual observation) or in bursts (more than 5 movements); these bursts are specific to the PP.

3. The speed of isolated movements during sleep is slightly slower than that of isolated movements during visual observation.

4. Some indices have been used to analyze these movements: number per minute, number of bursts per minute, and the ratio between the number of movements in bursts and the total number of movements. This ratio, the Constant of Oculomotor Repartition, remains constant at 50% in every normal animal.

5. In the pontine cat, unable to make eye movements during the waking state, lateral eye movements, rare and isolated, occur during the PP. The structures sufficient for the appearance of the eye movements of sleep are therefore situated in the caudal portion of the brain-stem. The arguments in favour of a pontine trigger zone are reviewed.

6. After total decortication the isolated REM disappear almost completely but the number of bursts increases. Thus there are prepontine, subcortical structures which complicate the oculomotor activity triggered by the pons. Among these structures, the superior colliculus plays an important role as its coagulation results in a diminution of the REM.

7. OccipItal. decortication decreases the number of bursts whereas frontal decortication increases it. It therefore seems likely that visual cortex plays a facilitatory role, and frontal cortex an inhibitory one, in ocular movement of the PP. The cortical influences might act directly at the level of the colliculus and mesencephalon.

8. The inhibitory effect of atropine and the facilitatory effect of eserine are described. The central mode of action of eserine is discussed.

9. The relationships between REM, the activity of the extraocular muscles, and the phasic ponto-geniculo-visual electrical activity occurring during PP are considered.

10. These results suggest that an oculomotor system, triggered by the pons, is responsible for the eye movements during sleep. A schematic organization of such a system is proposed.

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