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Que dire de ces études ?La relation étroite entre sommeil agité équivalent du sommeil paradoxal et sourire néonatal est connue. L'existence d'une relation entre ce sommeil et l'expression de toutes les mimiques émotionnelles est plus nouvelle. L'apparition plus fréquente des sourires au cours des sommeils agités les plus stables et les plus phasiques, l'absence de relation avec l'alimentation, les stimulations maternelles et les mouvements corporels sont en faveur d'une indépendance vis-à-vis des stimulations extérieures, d'une origine endogène. Ces études révèlent que le sourire néonatal est une mimique organisée, il est identique au sourire social de l'adulte, il est comme lui plus intense au niveau de l'hémiface gauche. Cela pose le problème de l'existence, dès la période néonatale, d'une dominance cérébrale droite pour les comportements émotionnels et de communication, et doit être rapproché aussi de l'existence, pour certains, d'une activité des neurones de l'hémisphère droit plus intense au cours du sommeil paradoxal. La constatation chez le nouveau-né dans la première semaine de vie d'une activation de l'électro-encéphalogramme plus importante à droite au cours du sommeil agité, et, enfin, l'existence chez le nouveau-né et le petit nourrisson de préprogrammes moteurs à dominance hémicorporelle gauche. Les nouveau-nés de Grenier (11) dont on a "libéré" la motricité prennent les objets avec leur main gauche sont aussi en faveur de cette dominance. L'interprétation des données apportées par l'étude des nouveau-nés malformés doit être prudente: l'absence de mimiques au cours du sommeil agité chez les deux nourrissons hydranencéphales suggère que le cortex est nécessaire pour l'expression des mimiques faciales. L'existence de sourires unilatéraux droits et symétriques chez le nourrisson sans hémisphère gauche est troublante, elle peut être expliquée: par des phénomènes de plasticité cérébrale après lésions précoces, par l'origine non corticale du sourire, mais peut l'être aussi par la seule responsabilité de l'hémisphère droit dans la production de ces mimiques. Ces résultats semblent amener quelques arguments en faveur des théories de Roffwarg et de Jouvet. Le nouveau-né, comme les chats de Jouvet répéterait "à blanc" au cours du sommeil paradoxal les séquences motrices de ses comportements intinctifs. Nystrom (12), qui a analysé tous les mouvements faciaux survenant au cours du sommeil chez des nouveau-nés, montre que certains de ces comportements sont très archaïques, comme des mouvements de narines et d'oreilles. Ces mouvements disparaîtront complètement, comme disparaîtront certaines compétences du nouveau-né. Ceci est bien sûr à rapprocher de l'existence, au cours du développement du cerveau chez l'animal, de connexions neuronales excédentaires probablement génétiquement programmées qui elles aussi disparaîtront. Le sourire néonatal est tout à fait identique au futur sourire social, mais nous n'avons aucun argument pour dire qu'il en est le précurseur fonctionnel ou que ces mimiques correspondent à des émotions. M. Jouvet parle de programmation psychologique individuelle: ses chats ont chacun leur propre répertoire, mais il s'agit de chats adultes. Chez le nouveau-né, il existe peu de différences inter-individuelles pour le nombre de sourires, ce qui nous ferait volontiers parler de simple mise en place des outils de la communication. Ces mimiques disparaîtront d'ailleurs du sommeil lorsque le petit nourrisson sera capable de les utiliser à l'éveil. |
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